mardi 17 décembre 2019

Ce texte, rédigé en novembre par Alain Caillé, au tout début du mouvement des gilets jaunes, a été endossé par l’ensemble des convivialistes. Fin janvier 2019, il semble toujours d’actualité.

 La crise des formes actuelles de la démocratie que la révolte des gilets jaunes fait éclater au grand jour, est si profonde, si complexe, si multidimensionnelle, si lourde d’ambivalences, si riche de belles promesses ou a contraire de lourdes menaces, qu’elle défie toute analyse rapide et à chaud. Personne ne peut raisonnablement se hasarder à prédire comment les choses vont évoluer en France dans les semaines ou les mois qui viennent. Dans cette conjoncture extraordinairement indéterminée, il faut néanmoins essayer de fixer quelques points de repère à peu près assurés, tant sur la nature de la crise que sur son issue souhaitable. 

Dans ces temps tumultueux et riches de faits inédits, je propose de nous emparer de nos propres outils convivialistes, forgés dans et par la convivialité qui nous anime, et d'envisager comment ils nous permettraient d'éclairer une période confuse mais dont la confusion ne doit pas uniquement être envisagée sous l'angle de la peur. C'est ce point de vue de la peur que le gouvernement cherche depuis ces dernières heures à imposer dans ses discours, et il est, disons-le franchement, irresponsable.

Voici donc, ces quatre principes du Convivialisme, appliqués à la situation :

Principe de commune humanité. Il doit servir à discréditer toutes les formes de discrimination. Cette discrimination que pratiquent dans leurs discours et dans leurs actes ceux qui tentent de récupérer le mouvement des Gilets jaunes (en vain, d'ailleurs, car ce mouvement est, dans l'état actuel de la situation, irrécupéré, sinon irrécupérable), pour servir des idéologies de haine et de rejet de l'autre. Ce qui est remarquable aujourd'hui dans le mouvement des Gilets jaunes, c'est que personne n'est en mesure de le "représenter" à lui seul (conformément à l'analyse sartrienne des "groupes en fusion") : cela signifie aussi que n'importe qui est légitime pour endosser ce gilet, quels que soient ses origines et ses engagements politiques ou sociaux.

Bonjour Monsieur Caillé,

J'ai lu le livre de Denis Pelletier, psychologue au Québec (livre écrit en 1981): l'arc-en-soi. Il m'apparaît d'une grande pertinence, d'une importance capitale et donc d'une grande portée pour s'approprier, pour comprendre le principe d'individuation que je crois être (parmi les 4 cités dans le manifeste convivialiste) celui qui sous-tend les 3 autres, même s'ils doivent s'appréhender ensemble. En effet dès que l'on parle de la société, de l'espèce, on parle de personnes qui en parlent, qui en font partie : la société des individus (Norbert Elias). Or il me semble que chaque individu ne se reconnaît pas par lui-même en tant qu'individu unique, riche, ayant de la valeur en lui-même. C'est ainsi qu'il cherche à se dépasser, à dépasser les autres, à posséder, à obtenir des diplômes, de la célébrité, de la gloire, du pouvoir, lui laissant croire que c'est cela qui lui permet d'exister en tant que personne unique, riche : en tant que 'je'. Mais toutes ces quêtes sont des quêtes à l'extérieur de soi qui n'ont pas d'issues totalement rassurantes. Il semblerait que pour être « heureux » il faille trouver par soi-même, ressentir en soi, ce 'je' unique et ayant de la valeur, avant de pouvoir le manifester, l'exprimer.

Les journées de l’Economie Autrement se sont tenues pour la troisième fois à Dijon les 23 et 24 novembre. Réussies. Les propos qui suivent sont ceux que j’ai tenus à l’ouverture. Ils ont suscité un certain intérêt et du débat justifiant l’idée d’en faire un édito.

Outre mes engagements directs au sein de France  Active et du labo de l’ESS, je suis impliqué dans plusieurs groupements :  je participe à titre personnel au groupe des « convivialistes » animé par  Alain Caillé  et au titre du labo au « Pouvoir citoyen » et à la «  Transition citoyenne » ; j’adhère aussi pleinement au « Pacte Civique »  sans suivre son action d’aussi près.

Ces démarches (qui d’ailleurs s’emboitent, le Pacte dans le P.C. et le P.C. dans la T.C. plusieurs  convivialistes dans l’un et l’autre) ont  pour points communs de faire  de l’action civique, du respect de l’autre, de la recherche du « bien  vivre » ensemble  et avec la nature l’engagement clé de notre vie et  le gage de notre avenir.

Les riches discussions autour des propositions d’Alain Caillé montrent plus qu’un intérêt, un élan des universitaires et  des chercheurs qui composent en majorité ce groupe pour cet engagement.  Leur réflexion collective est certes en lien avec les initiatives  citoyennes mais de nature plus conceptuelle que celle de P.C. et de  T.C..
 

Au quatrième trimestre 2016, le réseau de réseaux civiques PCEM, Pouvoir citoyen en marche[1] (nom choisi, je dois le préciser, avant l’apparition du En marche de Macron…) m’a confié la mission de proposer à la discussion et de coordonner la rédaction de ce que nous avons appelé des « mesures basculantes ». Il s’agissait, notamment, de témoigner de l’inventivité de la société civique et de faire entrer dans le débat public des thèmes ignorés ou négligés par les partis politiques. Au terme de nombreux va- et - vient, un accord a été trouvé sur les dix-sept mesures suivantes. Elles devaient figurer, en compagnie de l’Appel d’Edgar Morin, Changeons de voie, changeons de vie,  dans un document synthétique, co-rédigé avec le groupe Utopia et le groupe des Jours heureux. Comme celles du Seigneur, les voies de la société civique sont quelque peu impénétrables : le document synthétique annoncé n’a pas vu le jour. D’autres « mesures basculantes », une cinquantaine je crois (parfois très proches, parfois assez éloignées), ont été définies sous une autre forme, au terme de nouveaux regroupements d’organisations civiques. Relisant aujourd’hui, après la longue période électorale que nous avons connue, ce que j’avais  fini de rédiger en décembre 2016, il m’apparaît qu’il n’est peut-être pas inutile de le soumettre à la discussion, même si certains points m’apparaissent discutables, ou précisément pour cela. Il me semble qu’il y a là en effet une certaine concrétisation du projet de politique convivialiste proposé par le livre que nous avons publié en juin 2016, Ėléments d’une politique convivialiste, Editions Le Bord de l’Eau. Alain Caillé

On lira ici une analyse vue d’Allemagne de la situation de la France après le 13 novembre par Fran Adloff, professeur de sociologie à l’université d’Erlangen, co-éditeur (avec Volker Heins) d’un livre de discussion du convivialisme qui cartonne en Allemagne (il est dans les dix meilleures ventes des livres non fiction), et animateur des sites web Konvivialismus (en allemand) et Convivialism (en anglais).

Les attentats du 13 novembre à Paris ont imprimé une marque profonde sur la France, ainsi qu’en Allemagne où l’horreur et la consternation étaient ont été immenses. Les attaques à proximité du stade, dans les rues et au Bataclan visaient la libre coexistence des citoyens. Les terroristes ont ciblé l’espace public et les possibilités qu’il offre de se réunir dans le cadre d’activités sportives, musicales, dans des bars, des restaurants, dans des lieux publics. Immédiatement après les attentats,  de nombreux commentateurs se sont accordés pour affirmer que les valeurs fondamentales de l’Occident avaient été frappées à leur cœur. Cette nuit-là, c’est la convivialité urbaine de Paris qui était attaquée, celle-là même qui, grâce au principe d’égalité des religions, des sexes et des cultures, permet la collaboration et la coexistence de tous dans l’espace public. Le 11e arrondissement, où l’on a compté le plus de morts, est, à Paris, l’un des rares quartiers véritablement multiculturels. Les terroristes du soi-disant EI rejettent formellement les principes du convivialisme : ils n’acceptent pas l’idée de la dignité de l’individu, ils rejettent l’idée de communauté humaine et de commune socialité, l’individualité n’est ni respectée ni valorisée, enfin, les conflits ne peuvent être circonscrits ou gérés sans violence.

Le Bien Vivre, le Buen Vivir ne deviendra un véritable projet de société que s’il est incarné par un mouvement qui le prend suffisamment au sérieux pour s’organiser en conséquence autour de cet axe. Il nous faut en faire un enjeu d’expérience et pas seulement d’espérance. Pour qu’une transition vers des sociétés du bien vivre soit possible il faut qu’il soit désirable. C’est parce qu’une anticipation par un nouveau type de mouvement social et citoyen de formes d’organisations politiques économiques éducatives etc. aura créé à la fois ce désir et la démonstration qu’il est réalisable que des forces beaucoup plus nombreuses pourront en faire elles-mêmes un projet. L’ambition de projets aussi ambitieux et radicaux que celui de la Sécurité sociale porté par le CNR n’aurait pas été concevable si le mouvement ouvrier n’avait pas commencé à faire des caisses de secours mutuel non seulement un enjeu de résistance mais aussi d’expérimentation anticipatrice. C’est donc la stratégie du REVE proposée par les états généraux de l’économie sociale et solidaire qu’il nous faut mettre en œuvre avec le V de la vision transformatrice qui débloque l’imaginaire, le E de l’expérimentation anticipatrice qui l’incarne, qui donne au R de la résistance un caractère créatif (sans quoi elle peut tourner à la révolte désespérée). Et, en facteur commun, le dernier E celui de l’évaluation démocratique entendue au sens fort d’organisation de la délibération citoyenne sur ce qui fait valeur, valeur au sens originel fort de force de vie. On peut même y ajouter un second R celui de la Résilience refondatrice si nous sommes conduits, comme on peut le craindre, à affronter des situations d’effondrements provoqués par les années d’irresponsabilité écologique, sociale et financière de l’hypercapitalisme. Auquel cas notre projet devient REVER ce qui n’est pas inutile dans des temps qui peuvent être cauchemardesques (Cf. l'édito d'Hugues Sibille président du labo de l'Ess).

Par Bertrand Livinec, co-fondateur de la World Public Health Association et Dominique Kerouedan, Docteur en médecine, en épidémiologie et en santé publique, fondatrice et conseillère scientifique de la spécialisation Global Health de l’École des affaires internationales de Sciences Po Paris, titulaire de la chaire « Savoirs contre pauvreté » au collège de France (2012-2013)

 

1. Philanthropie en santé, quelques points de repères 

Le 2 décembre 2015, Mark Zuckerberg, fondateur de Facebook et dont la fortune est estimée à près de 45 milliards de dollars, annonçait en même temps que la naissance de sa fille sa volonté de donner au cours de sa vie 99% de son capital à une future fondation qui oeuvrera pour des actions de bienfaisance.

La notion d’archipel a été souvent utilisée depuis trois ans dans le Collectif « Pouvoir citoyen en marche », continuation des « Etats généraux du pouvoir citoyen »). Elle est devenue pour beaucoup une « aide à penser » l’aventure intellectuelle et politique dans laquelle ce groupe s’est engagée face à la situation mondiale, courant 2013. Sans prendre le temps d’approfondir sa signification, même si nul n’ignorait qu’elle avait sa source dans la pensée du magnifique auteur Edouard Glissant, originaire d’une des îles de l’archipel le plus connu en France, celui des Caraïbes.

Compte-rendu de la réunion des convivialistes du 4 février 2015 (rédigé par Alain Caillé)
 

Présents : Ahmet Insel, Jacques Lecomte, Marc Humbert, Gus Massiah, Jean-Baptiste de Foucauld, Bernard Perret, Susan George, Anne-Marie Fixot, Dominique Méda, Marie-Monique Robin, Alain Caillé, Alfredo Pena Vega, Vicherat, Antoine Bevort, Antoine Peillon, Christophe Fourel, Pierre-Olivier Monteil, Geoffrey Pleyers, François Gèze.

Excusés : Jean Baubérot, Vincent de Gaulejac, Isabelle Sorente, Philippe Chanial, Patrick Viveret, Sylvie Gendreau Fabienne Brugère, Jacqueline Morand, Roger Sue.

 

Une séance très riche, comme on pourra le constater. Ouverte par quelques mots d’introduction d’A. Caillé : Partout, dans les conférences que nous faisons les uns et les autres en France ou à l’étranger, on ressent une énorme demande d’esquisser les contours d’une autre société, de sauver et de développer le « vivre-ensemble » (autrement dit le convivialisme). Tout le monde se demande, nous demande : « Qu’est-ce qu’on peut faire ? ». Et cette inquiétude et cette demande se sont encore sensiblement intensifiées après le 7 et le 11 janvier, ce qui confirme une des idées centrales du Manifeste convivialiste : ce qui nous manque le plus aujourd’hui, c’est une philosophie politique alternative qui expose comment nous pourrons encore vivre ensemble « en nous opposant sans nous massacrer ». « Convivialisme » est le nom de cette philosophie politique qui se cherche un peu partout à travers les associations qui composent la « société civique ». Mais elle ne deviendra crédible que si nous parvenons à préciser les grandes caractéristiques, et notamment économiques, de la société que nous voulons voir advenir. Pour cela, le mieux est de partir de la discussion des analyses et des propositions de Dominique Méda et Marie-Monique Robin qui, parmi nous, sont de celles et ceux qui ont été le plus loin dans cette direction.

Fin janvier 2011, aux États généraux du renouveau à Grenoble organisés par le journal Libération, lors d'un parcours civique initié par le Pacte civique et par des organisations proches, le philosophe Patrick Viveret proposait de construire une société civique reposant sur une triple alliance entre une société civile qui doit sortir de sa fragmentation, une société politique qui doit changer son rapport au pouvoir et une société médiatique qui doit abandonner sa posture désabusée-sceptique.

COMPTE-RENDU SUBJECTIF DE LA SÉANCE CONVIVIALISTE DU MERCREDI 24 OCTOBRE 2012

 Chers amis

Je persévère dans mon rôle de diariste subjectiviste pour tenter de fixer a minima ce qui s’est dit dans cette séance du 24 octobre. L’exercice est ce coup-ci particulièrement délicat puisque nous avons entendu quatre (et même cinq) exposés, extrêmement riches, et qui, comme me l’écrivait à juste titre Philippe Frémeaux (qui rejoint notre groupe), auraient, chacun, mérité d’occuper la séance entière. Comme d’habitude, je profite de ce travail pour poser à leurs auteurs certaines questions ou formuler certaine observations que je n’ai pas pu développer sur le coup.

L’atelier “prison” de l’Association Démosthène organise le 10 avril 2015 à l’Université de Caen, en collaboration avec la Ligue des Droits de l’Homme, un colloque consacré aux prisons dites “sans barreaux” ou encore “prisons ouvertes”. Il s’agit d’une modalité récente concernant l’incarcération des personnes condamnées à une peine de détention. Le principe d’une peine de prison exécutée selon cette modalité a dépassé le stade de l’expérience dans plusieurs états européens où elle fait désormais partie de la “palette” des conditions d’incarcération des condamnés.En France, la prison “ouverte” existe depuis plusieurs décennies, en Corse, à Casabianda, où elle est réservée aux auteurs de violences sexuelles. En 2010, Paul Roger Gontard, juriste, docteur en droit pénal, ancien conseiller au secrétariat d’Etat à la justice, a réalisé un rapport concernant les prisons dites sans barreaux, à la demande du Ministère de la Justice. Il a principalement travaillé au Luxembourg, en Allemagne, en Suisse, en Belgique et en France, à Casabianda, et a présenté un état exhaustif de cette modalité, tel qu’il l’a présenté dans son rapport, puis ultérieurement dans sa thèse[1]. Enfin, récemment, la chaine de télévision Arte a diffusé le film documentaire du réalisateur Bernard Nicolas « Prisons ouvertes : un pas vers la réinsertion ? ».

Chers amis

Les choses avancent. Lentement, mais elles avancent. Il va toutefois nous falloir accélérer et approfondir si nous ne voulons pas que tout se perde dans les sables et si nous souhaitons, au contraire, commencer à peser effectivement sur le changement des mentalités que nous appelons de nos vœux. Ce qui est notre raison d’être en tant qu’intellectuels. 

 

D’entrée, le Manifeste Convivialiste affirmait  l’existence de menaces de tous « ordres » auxquelles il convenait d’opposer une réponse doctrinale, le convivialisme, assorti de quatre principes références de cette pensée politique. Mais il ne disait mot sur les forces appelées à les mettre en œuvre, comme s’il se tenait à l’extérieur de ce qu’il convenait de faire.

Puis, avec « Le convivialisme comme volonté et comme espérance » apparut un première esquisse de la traduction de cette « doctrine » tantôt à partir de faits et de réalisations, tantôt à partir d’un approfondissement ou d’un élargissement des questions restées en suspens dans le Manifeste.

Le Colloque de Rennes a fait naître la perspective que cette pensée politique pouvait, voire devait s’accompagner d’une prise en charge de la question des forces politiques potentiellement porteuses de ce projet, via les exposés de réalisations pouvant se réclamer du convivialisme. Les cercles convivialistes se dessinaient comme une forme générale possible d’un Mouvement Convivialiste.

Avec « Eléments d’une politique convivialiste » est apparue récemment une série de propositions programmatiques censées définir quelques illustrations sectorielles de la doctrine générale.

Bref, depuis ses origines, les convivialistes, ont affirmé le caractère éminemment politique de leur démarche. Et cependant, très vite une question s’est posée : comment expliquer que cet effort fait par les premiers signataires du Manifeste, intellectuels de haut niveau, pour dépasser leurs divergences au titre d’un souci de la sauvegarde d’une humanité en péril n’ait pas connu un écho plus important ? On peut se reporter à des raisons de « communication », explication souvent avancée de tout échec politique ; on peut aussi estimer que le volume de signatures n’a pas atteint le seuil suffisant pour faire sa place dans l’espace public du monde des pétitions numériques, source assurée de légitimité. On peut aussi penser que les raisons en sont ailleurs.

Séance très riche, encore une fois, dont je propose un compte-rendu tout subjectif, une fois encore.

Elle faisait suite à la séance de juin, intitulée « Une politique de l’Association ? » dont j’avais retenu pour ma part, au premier chef, que si beaucoup parmi nous s’étaient montré très critiques des associations existantes et refusaient de s’appuyer sur elles en quoi que ce soit, tous, en revanche, s’étaient montré favorables à ce qu’on pourrait appeler un principe associationniste. Qu’en déduire ? Que nous prônons un Associationnisme sans les associations ? Ou bien que nous voulons qu’elles soient subordonnées à autre chose qu’elles mêmes ? Par exemple, une politique du bien commun ? Ou des communs ? Ou, encore, des biens communs ? Etc. La variété même des termes, rendait nécessaire d’y voir plus clair.

Le projet d’un revenu universel revient en force ces derniers temps, ou plutôt il commence à entrer massivement dans le débat public, par la droite, la gauche ou le centre, et avec un argumentaire de plus en plus concret et réaliste,  après avoir longtemps fait figure d’utopie. Une utopie séduisante aux yeux de certains, repoussante pour d’autres, mais en tout état de cause, relativement marginale jusqu’à il y a peu. Ce n’est plus le cas aujourd’hui où l’on voit divers candidats à la présidentielle et un premier ministre en exercice l’évoquer favorablement. Le nom varie – allocation universelle, revenu de base, revenu garanti, revenu universel, etc. – mais l’idée gagne fortement du terrain qu’un revenu minimum devrait être versé à tous inconditionnellement – i.e. indépendamment de toute prestation de travail et de tout niveau de revenu par ailleurs – et sur une base individuelle. C’est cette inconditionnalité et cette individualisation qui font la différence de principe avec les aides sociales  actuellement existantes. Les défenseurs du revenu minimum inconditionnel font valoir en sa faveur :

1°) qu’il permettrait une grande simplification du régime de l’aide sociale, devenu d’une extraordinaire complexité, difficile à gérer et coûteux pour l’administration, peu lisible et peu prévisible pour les bénéficiaires ainsi plongés dans une situation d’insécurité.  

2°) qu’elle éviterait de stigmatiser ces derniers, puisque tout la monde y a droit. Le revenu minimum ne serait plus une forme d’aumône ou de don, il sortirait définitivement du registre de la charité et du paternalisme pour accéder à celui du droit et du dû.

Chers amis

 

Comme d’habitude, désormais, je ne crois pas inutile de vous faire part de quelques unes des réactions et réflexions que m’ont inspirées notre dernière séance (en espérant que d’autres fassent de même…). Introduite par les deux excellents exposés, synthétiques, de Roger Sue et Jean-Louis Laville. Le premier mettant notamment en lumière l’étonnant contraste entre la grande puissance du discours de l’Association dans les années 1848 au regard de l’extrême faiblesse concrète des associations de l’époque, et l’explosion associative contemporaine qui s’opère de manière quasiment silencieuse, sans paroles, et, le second, s’interrogeant, de manière complémentaire, sur les raisons de l’invisibilisation progressive depuis le XIXème siècle, du fait associatif. Alors, pourtant, précise Claude Alphandéry, que si dans les années d’après-guerre on attendait tout de l’État et fort peu des associations, on leur demande désormais de plus en plus.

 

 

« La présomption est notre maladie naturelle et originelle. La plus malheureuse et la plus frêle des créatures, c’est l’homme, et en même temps, la plus orgueilleuse. » (Montaigne)

La théorie du don peut-elle contribuer à nous faire sortir de l’impasse du paradigme de la croissance ? Je définis le don comme une des façons de faire circuler les choses entre nous. Ce n’est pas la seule. Dans la deuxième moitié du XXème siècle, deux autres modes de circulation se sont imposés, chacun à leur époque : l’État et le marché. Le premier a atteint son apogée dans les années 1970 avec l’État-providence. On souhaitait tout faire passer par l’État. Je me souviens d’un rapport gouvernemental portant sur les personnes âgées, dans lequel on fixait comme idéal à atteindre que tous les vieux soient en institution !

Par Alain Caillé

 

Chers amis

Comme après chacune de nos séances je crois utile de vous proposer un CR subjectif, forcément subjectif, non pas de tout ce que nous avons dit mais de ce qui m’a le plus frappé et que j’en retiens quant à moi. L’exercice est particulièrement difficile dans le cas présent puisque nous avons eu une séance très riche en matière de ressenti des uns et des autres mais à aucun moment de véritable discussion structurée. Comme si le sujet était trop immense et complexe et qu’on ne savait trop par quel bout le prendre. Contrairement aux autres séances, tout le monde n’est pas intervenu. 

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