mardi 17 décembre 2019

Vers un projet politique convivialiste.

Si vous aviez trois propositions politiques à formuler ...

Comment l’homme se détruit lui-même

Mais ce commencement est bien antérieur à l’avènement de l’humanité. La forêt primaire est diversité et relations. Chaque élément la composant ne survie que par les dons, les échanges se faisant en permanence au sein de l’écosystème. Une forêt primaire est le résultat, sur des centaines de millions d’années, d’une lente complexification et évolution des relations, du cycle du don, donner, rendre, recevoir, au sein d’une infinité d’espèces du monde végétal, animal et des champignons.

J’ai vécu passionnément pendant la Résistance l’espoir d’une démocratie sociale. Celle-ci a gagné du terrain, appuyée sur le rôle redistributeur et régulateur de l’Etat, après la deuxième guerre mondiale.Un retournement, marqué par l’emprise néolibérale de M. Thatcher et D. Reagan s’est produit dans les années qui ont suivi les chocs pétroliers ; retournement qui a semblé masqué par les succès électoraux de la gauche ; mais celle-ci n’a pas réussi à résister au retour en force du capital financier et à ses effets destructeurs (précarité de l’emploi, approfondissement des inégalités, périls écologiques) , déstabilisateurs (excès de spéculation, bulles et crises financières, effondrement de larges pans de l’économie) et anxiogènes ( peur de l’avenir, sentiment d’impuissance, défiance à l’égard des autres , repli  identitaire). Anxiété qui ne va pas sans indignation et colère, mais qui rejette celle-ci sur les institutions, les politiques, les boucs émissaires, les étrangers et qui rend perméable aux idéologies de droite et aux solutions autoritaires.

Cher Alain,

Suite à notre récente discussion, je te propose trois idées qui pourraient selon moi contribuer à transformer le Manifeste Convivialiste en projet concret, présenté aux citoyens comme porteur de sens pour nos sociétés. 

La première est au cœur du combat que je mène depuis 10 ans : l’instauration d’un revenu universel d’existence à chaque personne en situation stable et respectueuse de la loi dans son pays. Ce revenu, d’un montant identique pour tous les adultes et de moitié pour les enfants, est en réalité le résultat de la mise en commun d’un quart (25%) de tous les revenus des personnes physiques sur le territoire. Ce dispositif se substituerait à nombre de dispositifs fiscaux et sociaux actuels. 

Une remarque analytique, une priorité stratégique, deux propositions 

  • Nous sommes dans une situation caractérisée par la perte de légitimité des institutions et des partis politiques dont les abstentions, les votes blancs et nuls, la non inscription sur les listes électorales et le vote Front national sont les symptômes.
    • Pour le moment, la crise profite au seul Front national, mais l’opposition au Front national ne constitue pas une alternative politique suffisante
    • Penser que les présidentielles constituent une opportunité pour sortir de la crise politique est une illusion. La monarchie présidentielle est un des problèmes clefs de la crise du système politique français, la manifestation éminente du caractère hiérarchique, élitiste, non démocratique de la vie politique (et de la société) française.  Un roi élu c’est pire qu’un roi héréditaire.
    • La crise politique n’est pas une crise de réponses, de propositions d’alternatives sociales et économiques aux politiques actuellement mises en œuvre. Les politiques alternatives ne manquent pas, c’est la crédibilité, la légitimité des forces politiques qui les proposent qui est en défaut.

Inscrire dans la liste des discriminations prohibées la discrimination pour précarité sociale, ou encore pour vulnérabilité économique. la dynamique de la lutte contre les discriminations, et en amont contre les préjugés est forte et positive. Elle permet de se civiliser, de se former, de prendre responsabilité pour l'histoire qui comporte son cortège de stéréoptypes hérités.

1. Le problème principal de la France, c’est son monarchisme bureaucratique. Pouvoir et prestige y sont monopolisés par une élite minuscule, une noblesse d’État toujours plus fermée sur elle-même.

Cette monopolisation engendre, à un pôle, morgue, mépris de caste et cécité bureaucratique, et, partout ailleurs, un sentiment d’humiliation et d’impuissance. On n’y remédiera qu’en ouvrant largement le recrutement des élites françaises et en multipliant leur taille par dix. Cela suppose :  

à partir du deuxième cycle des universités (niveau master) d’aboutir à une véritable  intégration des universités,des grandes écoles  et des Établissements de recherche.

S'il fallait 3 mesures d'urgence propres à affaiblir l'oligarchie et débloquer le pouvoir d'agir citoyen, je privilégierais sans doute :

- Un moratoire et un audit des dettes publiques, vers une annulation des dettes illégitimes et une restructuration du reste, afin d'en finir avec la dépendance des politiques publiques vis-à-vis des marchés financiers. Aucune mesure sérieuse de redistribution fiscale et/ou de transition écologique ne pourra être réalisée tant que cette dépendance perdurera, et tout projet alternatif aux politiques actuelles qui négligerait de traiter prioritairement cette question doit à mon sens être considéré comme immature.

Mes trois propositions s'organisent autour de l'idée que nous sommes dans un monde de l'illimitation, sujet à l'hubris et à la pléonexie. Ce "vouloir toujours plus" comporte le risque de plus en plus évident de tout perdre (dérèglements majeurs de l'intégrité psychique des individus, du lien social, des écosystèmes nécessaires à la vie sur terre). Il faut donc rapidement ramener quelque mesure pour tenter de limiter ces désordres.

Depuis 1960, l'espérance de vie en France est à peu près la même qu'en Espagne ou en Italie, bien que les dépenses de santé y soient bien supérieures, pratiquement 3% de PIB en plus. Pareillement, de nombreuses études montrent que l'état de santé d'une population ne dépend qu'à environ 20 ou 25% des dispositifs de santé. On constate en France : un recul de l'espérance de vie en 2015 ; 

Dans les pays que l’on dit « riches », la pauvreté prospère. En France, un habitant sur sept (et un enfant sur cinq) vit aujourd’hui sous le seuil de pauvreté. Dans l’Union européenne, un sur cinq est considéré comme « en risque de pauvreté ou d’exclusion sociale ». Aux Etats-Unis, un habitant sur quatre est pauvre selon les critères européens. Que faire à notre échelle, dans la France d’aujourd’hui ? Trois choses..

Cesser de stigmatiser les pauvres, accusés de se complaire dans l’assistance. En réalité, les deux tiers des adultes pauvres d’âge actif sont en emploi ou en recherche active d’emploi. Ils n’ont pas besoin d’aumône, mais d’emplois dont ils pourront vivre et, souvent, de formation. Ce n’est pas impossible : les structures d’insertion par l’activité économique le prouvent. 

1) Pour d’autres modalités pénitentiaires et judiciaires : la prison autrement
Comment passer de la délinquance à la désistance (réinsertion postpénale sans récidive et sortie de la délinquance) et éviter que la prison ne crée de la délinquance au lieu de seulement l’endiguer ? 

Il faut, pour cela, miser sur la perspective d’une reconstruction de la personne dans son humanité et dans son rapport à la société.

Proposition 1 : transition écologique
Mettre en place la transition écologique ne pourra pas se faire sur un projet de loi mais sur la réforme d'un certain nombre de lois existantes. Il s’agit moins d'abolir le marché que de le reconfigurer.

1 – Au delà de la RSE, un principe convivial universel

2 – Système éducatif français : peut mieux faire !

  1. Un new Deal européen pour l’emploi des jeunes, allant dans la direction d’une définanciarisation de l’économie et des formes de vie. L’UE devrait élaborer un plan d’investissements dans des secteurs de biens publics et à un taux d’emploi élevé de jeunes (chercheurs, techniciens, éducateurs, travailleurs sociaux, spécialistes de divers type, ecc.). Le but principal de ce projet européen: promouvoir des innovations scientifiques, technologiques, écologiques, gestionnaires, surtout dans la formation de nouvelles compétences concernant le post-développement et la démarchandisation

En finir avec des inégalités indécentes qui minent la société

La gauche a perdu la bataille idéologique et culturelle face au néolibéralisme et à l’idéologie managériale. Le New Public Management et la corporate gouvernance se présentent comme parfaitement neutres alors qu’ils véhiculent une conception de l’homme et la société qui doivent s’adapter aux exigences du capitalisme. 

-La question de l’hégémonie culturelle est un préalable à tout changement de société. De mon point de vue, toute réforme symbolique se révèle aujourd’hui conditionnée par la redéfinition de la notion de valeur. Le néolibéralisme en financiarisant l’ensemble des activités humaines et sociales a confisqué cette notion de valeur en la réduisant à sa logique pratico-formelle, celle de la pensée des affaires et du droit.

Accompagner le cheminement de l’enfant dans sa globalité afin de lui permettre de devenir un citoyen éclairé, autonome, solidaire, responsable et épanoui

L’actualité nous offre régulièrement des épisodes mettant en cause la question de l’expertise, pour illustrer soit sa sous-utilisation, soit son détournement. L’on apprend ainsi que, dans l’enquête publique sur l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, un rapport d’experts préconisant l’abandon du projet d’aéroport a été soustrait du dossier par le préfet, tandis que le gouvernement préconise désormais un référendum abandonnant la décision au vote des citoyens alors même que le dossier est d’une grande complexité (double déni, donc, du travail des experts). Au même moment, l’on apprend qu’un groupe d’experts sur les pesticides constitué pour conseiller la Commission européenne comprend deux personnes employées par des industries de l’agrochimie, au mépris de toutes les règles en matière de conflits d’intérêt (détournement, donc, de la fonction même de l’expert).

- abandonner l’indicateur de croissance de PIB comme guide de l’action publique

- fixer à l’école primaire et secondaire un plafond de vingt-quatre élèves par classe

- interdire la propriété de plus d’un média à une personne ou à une entreprise, et organiser un fonds mutualisé de soutien aux médias indépendants

La croyance en une sortie de crise par un regain de la croissance marchande reste largement majoritaire, tant dans les médias que dans l’opinion publique. Elle entretient le drame actuel qui réside dans le gouffre séparant société et politique. Les gouvernants négligent les très nombreuses initiatives citoyennes dont les promoteurs, en retour, s’éloignent du monde institutionnel. 

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