mardi 17 décembre 2019

Depuis 1960, l'espérance de vie en France est à peu près la même qu'en Espagne ou en Italie, bien que les dépenses de santé y soient bien supérieures, pratiquement 3% de PIB en plus. Pareillement, de nombreuses études montrent que l'état de santé d'une population ne dépend qu'à environ 20 ou 25% des dispositifs de santé. On constate en France : un recul de l'espérance de vie en 2015 ; 

-un recul ou la stagnation de l'espérance de vie en bonne santé (largement inférieure à plusieurs pays européens) depuis quelques années ; la stagnation de la mortalité infantile depuis 2005 ; des maladies chroniques pourtant largement évitables, qui augmentent significativement. La France dépense trop en santé dans le domaine curatif, agit peu pour éviter les maladies évitables, son modèle est devenu peu efficace et fortement inégalitaire.

Dans ce cadre, nous suggérons :

  • Une refonte de la stratégie en santé publique prenant en compte l'ensemble des déterminants en santé, médicaux ou non médicaux. Les déterminants non médicaux concernent notamment : 1°) les politiques liées à l'éducation, l'emploi, l'alimentation, le logement, la culture, les relations sociales, la répartition des revenus, l'environnement, la famille, les discriminations, l'usage des technologies, les media, la publicité, les transports, la sécurité, etc. 2°) Les déterminants de type matériel (emploi, logement, revenus, environnement, etc..) et, 3°)  ceux de type psycho-sociaux (culture, relations entre individus, etc.). Tous ces domaines interagissent entre eux. La mise en place d'un groupe de travail interministériel doit pouvoir permettre de passer systématiquement en revue tous les déterminants en santé et de modifier les politiques publiques grâce à une réduction significative de tous les conflits d'intérêts qui touchent à la santé.
  • Un meilleur équilibre des dépenses de santé entre le curatif et la prévention, parallèlement à une taxation bien plus élevée de tous les produits ayant un impact négatif avéré sur la santé (tabac, alcools, aliments industriels, etc.), et une promotion de la santé plus forte dès le milieu scolaire. L'espérance de vie en bonne santé (physique et mentale) doit être dans ce cadre un curseur fort,
  • Enfin, et peut être le plus important, repenser la santé française dans son cadre culturel. La santé d'une population est sensible à l'ensemble des activités (humaines ou non) et ne peut s'imaginer déconnectée de son environnement et de ses traditions. Le laisser faire des autorités dans la propagation de la malbouffe par exemple est le signe d'un abandon de repères culturels, d'un alignement sur le dogme du libre marché, qui impacte gravement notre patrimoine culturel et notre santé. Chaque civilisation produit ses propres maladies, nous produisons actuellement celles du néolibéralisme et notre industrie du soin s'est adaptée en conséquence sans remise en cause des maux qui nous rongent.

 

Bertrand Livinec

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