Cher Alain,
Suite à notre récente discussion, je te propose trois idées qui pourraient selon moi contribuer à transformer le Manifeste Convivialiste en projet concret, présenté aux citoyens comme porteur de sens pour nos sociétés.
La première est au cœur du combat que je mène depuis 10 ans : l’instauration d’un revenu universel d’existence à chaque personne en situation stable et respectueuse de la loi dans son pays. Ce revenu, d’un montant identique pour tous les adultes et de moitié pour les enfants, est en réalité le résultat de la mise en commun d’un quart (25%) de tous les revenus des personnes physiques sur le territoire. Ce dispositif se substituerait à nombre de dispositifs fiscaux et sociaux actuels.
La deuxième proposition est une révolution profonde de nos mentalités concernant la détention patrimoniale. Elle permet également de dégager des ressources fiscales significatives pour la vie de la communauté nationale. Il s’agit de remplacer l’ISF, la taxe foncière et les droits de succession par un loyer annuel à taux immuable acquitté par chacun sur l’ensemble de son patrimoine privé. L’intuition sous-jacente est que chacun, au cours du bref séjour qu’il fait sur cette terre, bénéficie de l’agrément de biens qu’il possède, jusqu’au terme de sa vie. A ce moment très particulier, son patrimoine lui est tout à coup enlevé. Il me parait légitime que chacun paye un loyer à la collectivité qui lui accorde de privatiser légalement la jouissance de divers biens. Le taux de ce loyer doit être calculé de façon à ce que chacun paye le montant total de son patrimoine sur la durée statistique de sa vie adulte. Ce taux serait donc d’environ 1,5%.
La troisième proposition te surprendra peut-être : il s’agit de proposer une alternative au système de financement des entreprises par les marchés d’actions, en créant une bourse au fonctionnement très particulier, qui intègre la variable temps. J’ai documenté ceci sous le terme « BEVA » dans le livre « Objectif Oïkos » écrit avec le Centre des Jeunes Dirigeants (CJD) en 2011. J’avais présenté l’idée à Jean-Pierre Jouyet, alors patron de l’AMF, qui avait confirmé que cette idée « a du sens ». Il s’agit d’introduire de la viscosité dans les échanges d’actions par un moyen simple : les plus-values calculées à la revente sont soumises à un prélèvement fonction de la durée de détention de l’action. Plus on revend rapidement, plus le prélèvement est élevé (jusqu’à 100%), versé à l’entreprise qui bénéficie alors plus légitimement de la plus-value que l’actionnaire éphémère.
J’espère que ces trois idées novatrices susciteront des débats riches lors de ta réunion. Avec toute mon amitié
Marc de Basquiat
Economiste et président de l’AIRE
18 février 2016
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