mardi 17 décembre 2019

à négocier avec les enseignants

1/ Portée à 18 ans, la scolarité obligatoire sera explicitement destinée à permettre à tous les élèves de s’approprier la même culture commune, et organisée en conséquence. Ce qui implique la mise en place d’un tronc commun de 2 à 18 ans, et l’éradication de toute mise en concurrence des élèves (et donc de toute forme d’évaluation classante de leurs performances), ainsi que de toute voie de dérivation. L’actuelle « école unique » accueille tous les jeunes et les oriente au fur et à mesure ; l’« école commune » qui la remplacera devra réorienter les investissements financiers et pédagogiques actuellement consacrés à la sélection et à l’orientation en sorte d’assurer à tous les élèves une appropriation normale des bases la culture écrite, et de leur ouvrir tous les choix ultérieurs possibles. Cette mission nouvelle appelle un changement très significatif des pratiques enseignantes. La pédagogie de la compensation mise en place dans les années 1970 à l’intention des élèves des milieux populaires repose sur l'idée que ces derniers seraient affectés par un déficit cognitif, déficit dont la réalité est anthropologiquement infondée. Les dispositifs d’enseignement supposés adaptés à ce manque se sont d’ailleurs avérés systématiquement contre-productifs.  Ils cèderont la place à une pédagogie de l’exigence intellectuelle pour tous.

2/ En matière de programmes, l’actuelle politique consistant à proposer une pseudo interdisciplinarité, la formation de « compétences » et des « éducations à » aux élèves en difficulté dans l’appropriation des savoirs sera abandonnée. Les contenus actuels seront sérieusement réexaminés (ne faut-il pas par exemple des enseignements de réflexion sur la technique et de sciences humaines dès l’école élémentaire ?) et largement débattus. Les nouveaux enseignements disciplinaires de culture commune devront conjuguer deux objectifs : constituer une préparation suffisante pour ceux des élèves qui souhaiteront se spécialiser dans l’approfondissement de la discipline, une fois passé le tronc commun ; et permettre à tous les autres de se confronter aux pratiques sociales qui mettent ce savoir disciplinaire en jeu, que ce soit pour gérer leur vie personnelle ou pour intervenir en connaissance de cause suffisante dans les débats et conflits suscités par ces pratiques sociales. Il ne s’agira pas à ce dernier égard de faire passer un message, aussi « citoyen » fût-il, mais de mettre les élèves en position de forger de façon réfléchie leurs propres convictions citoyennes.


3/ Les enseignants se verront dotés de conditions de vie et de travail à la hauteur des nouvelles responsabilités qui leur incomberont. Ils bénéficieront d’une large marge d’initiative et d’innovations, de possibilités inédites de réflexion collective et de formation continue. Leur formation initiale comprendra une solide formation disciplinaire ; une familiarisation avec l’histoire et l’épistémologie de la discipline ; ainsi qu’avec les savoirs et la didactique de la matière scolaire, en liaison étroite avec le stage pratique. Dans l’enseignement élémentaire chaque classe bénéficiera de l’apport de deux maîtres, à formation l’un littéraire l’autre scientifique.

 

Jean-Pierre Terrail

 

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