Accompagner le cheminement de l’enfant dans sa globalité afin de lui permettre de devenir un citoyen éclairé, autonome, solidaire, responsable et épanoui
Dans un contexte où les inégalités scolaires ne cessent d’augmenter, de même que le poids de l’origine sociale sur les performances des élèves, ce qui fait de la France le pays européen le plus affecté par le déterminisme social, il est urgent d’agir. D’autant plus que le contexte socio-économique, en pleine mutation, et les bouleversements qui affectent nos sociétés globalisées, nous obligent à faire évoluer nos pratiques pédagogiques. Nombre de métiers sont amenés à disparaître tandis que les professions de demain ne sont pas encore inventées. L’apprentissage tout au long de la vie est donc plus que jamais d’actualité. Le rôle de l’éducation est, avant tout, de permettre aux enfants, aux jeunes et aux moins jeunes de faire face dans les meilleures conditions possibles à cette évolution inéluctable. Il n’y a pas grand chose à inventer : les conditions qui favorisent l’apprentissage, la motivation intrinsèque, l’engagement, sont bien connues !
Au niveau de l’enfant : apprendre à apprendre plutôt que d’ingurgiter des contenus. Il est prioritaire de s’orienter résolument vers les approches pédagogiques qui rendent les enfants acteurs de leurs apprentissages, favorisent l’autonomie, encouragent la coopération, le tutorat par les pairs, l’individualisation des apprentissages, l’auto-évaluation plutôt que les notes, etc. Quelques exemples qui ont largement fait leurs preuves : Freinet, Montessori, Decroly, Dewey, qui peuvent être complétés par des approches inspirées d’autres environnements innovants (pédagogie de projet, design thinking) et par un usage raisonné et mesuré des nouvelles technologies. Cette proposition s’accompagne d’une réflexion approfondie à mener sur les espaces d’apprentissage (learning spaces), en prenant en compte les recherches récentes dans ce domaine : des tables et chaises alignées face à un tableau invitent à écouter passivement tandis que l’aménagement en espaces multiples (coin bibliothèque, détente, cercle de discussion) offre d’innombrables possibilités qui rendent les élèves plus actifs et plus créatifs.
Revaloriser la profession d’enseignant. 1. Sur le plan salarial. 2. Sur le plan social : les enseignants jouent un rôle fondamental dans la formation des citoyens de demain et pourtant, la majorité d’entre eux disent souffrir d’un manque de reconnaissance. 3. En améliorant les conditions de travail et en soutenant les pratiques pédagogiques qui vont dans le sens de la proposition n° 1. Dans cette perspective, il s’agit de partir des demandes et des propositions des enseignants, qui sont sur le terrain (bottom up), de donner aux enseignants les moyens de partager leurs outils et leurs pratiques, d’échanger sur leurs réussites et leurs difficultés, et surtout, d’accompagner dans le temps les enseignants qui se sentent isolés et rencontrent de grandes difficultés à les mettre en œuvre dans la durée.
Renouveler le tissu de l’écosystème éducatif en associant les parents à la vie de l’école, en particulier ceux qui en sont les plus éloignés et en améliorant les relations entre enseignants et parents, qui se sentent souvent tenus à l’écart. Là aussi, il est possible de s’appuyer sur des initiatives encore malheureusement trop isolées dans le public mais qui sont de véritables succès (ex. école Pajol dans le 18e arrondissement de Paris), et qui sont d’ailleurs des pratiques courantes dans les écoles alternatives. L’amélioration de la communication entre les différents acteurs pourra passer par une meilleure compréhension des craintes des uns et des autres, des raisons de la réticence fréquente des enseignants à échanger avec les parents sur la pédagogie, etc. Pour rétablir le dialogue, le recours à des techniques de médiation, à la communication non violente, etc. sera encouragé partout où c’est nécessaire.
Pascale Haag