mardi 17 décembre 2019

Bonjour Monsieur Caillé,

J'ai lu le livre de Denis Pelletier, psychologue au Québec (livre écrit en 1981): l'arc-en-soi. Il m'apparaît d'une grande pertinence, d'une importance capitale et donc d'une grande portée pour s'approprier, pour comprendre le principe d'individuation que je crois être (parmi les 4 cités dans le manifeste convivialiste) celui qui sous-tend les 3 autres, même s'ils doivent s'appréhender ensemble. En effet dès que l'on parle de la société, de l'espèce, on parle de personnes qui en parlent, qui en font partie : la société des individus (Norbert Elias). Or il me semble que chaque individu ne se reconnaît pas par lui-même en tant qu'individu unique, riche, ayant de la valeur en lui-même. C'est ainsi qu'il cherche à se dépasser, à dépasser les autres, à posséder, à obtenir des diplômes, de la célébrité, de la gloire, du pouvoir, lui laissant croire que c'est cela qui lui permet d'exister en tant que personne unique, riche : en tant que 'je'. Mais toutes ces quêtes sont des quêtes à l'extérieur de soi qui n'ont pas d'issues totalement rassurantes. Il semblerait que pour être « heureux » il faille trouver par soi-même, ressentir en soi, ce 'je' unique et ayant de la valeur, avant de pouvoir le manifester, l'exprimer.

En fait cela peut sembler finalement très logique puisque lorsque l'on parle, on utilise très souvent le pronom 'je' : Je pense que, je travaille, je danse, j'ai mangé, etc. De plus tout le travail,tous les efforts qui sont entrepris pour améliorer l'estime de « soi », la confiance en « soi », l'affirmation de « soi » en serait grandement favorisés car on mettrait un nom sur le « soi » qui n'est autre que le 'je' que j'évoque et finement analysé par Denis Pelletier. Mais donc, si ce 'je' n'a pas d'identité propre et profondément ressentie, il ressent un malaise : le fait de vivre, de faire, sans savoir « qui » vit,« qui » fait. Pour évacuer ce malaise il fait, refait, surfait pour finalement obtenir une reconnaissance par les autres de sa propre valeur mais qui n'a pas la valeur, le pouvoir de la reconnaissance par soi-même.

Or il est possible d'avoir une vision plus claire de ce 'je' grâce au livre de Denis Pelletier et d'avoir une « certitude profonde de valoir en soi » et non plus par les autres. Ainsi ayant découvert cette certitude profonde puis l'ayant ressentie et aussi l'ayant éprouvée, il n'y a plus de raison de la quémander à l'extérieur de soi et il n'y a plus à élaborer toutes sortes de comportements, de scénarios (très bien définis et analysés par Denis Pelletier), y compris les plus pernicieux, les plus dangereux pour l'humanité qui peuvent générer: l'idéologisme, le fondamentalisme, le sectarisme,le besoin de drogue mais aussi la jalousie, l'envie (qui tous son susceptibles de générer de la violence à toutes les échelles telle qu'elle puisse même amener cette catastrophe humanitaire sans précédent décrite par certains auteurs et dont certains faits puissent également nous le suggérer).

De plus, cette certitude profonde de valoir en soi permet de ne plus donner autant d'énergie, de passer moins de temps à cette préoccupation de soi (tellement légitime, puisqu'à mon avis et surtout à l'époque actuelle elle est le fondement de l'identité de l'individu dans cette société des individus). Ainsi, cette certitude profonde de valoir en soi permet d'avoir du temps pour approfondir cette connaissance intime de son 'je' mais aussi et surtout pour regarder, pour voir et pour comprendre que les autres sont aussi des 'je' qui ont donc aussi une valeur en soi et une identité propre mais qui est bien sûr différente.

Chacun a donc l'envie de s'exprimer, de partager ses propres visions du monde avec tous les autres 'je' . Bien entendu ces visions ne sont pas les mêmes (puisque nous sommes tous uniques donc singuliers, donc différents) mais la certitude profonde de valoir en soi fait que la rivalité qui va survenir, n'engendre pas le sentiment de ne plus exister, de n'avoir plus de valeur et ainsi permet et même favorise un conflit fraternel (principe d'opposition maîtrisée). Cette certitude profonde de valoir en soi permet aussi de voir et de comprendre de façon ressentie et profonde que ces 'je' appartiennent à une société ( principe de commune socialité) et elle permet également de voir et de comprendre de façon ressentie et profonde que ces 'je' appartiennent à une même humanité (principe de commune humanité). Ainsi l'accent pourrait être mis sur l' « acquisition » de cette certitude profonde de valoir en soi.

J'y vois des actions à entreprendre dans ce sens :

– écrire un annexe au manifeste convivialiste . Ce pourrait être un résumé du livre de Denis Pelletier qui pourrait aussi contenir les propos précédents (lien entre le principe d'individuation et les autres principes) et une bibliographie permettant d'accéder à cette ressource (certitude profonde de valoir en soi). Je pense notamment à des livres tels que :

Evidemment « L'arc-en-soi » de Denis Pelletier ;

« Du je au nous : le meilleur de soi au service de tous » de Thomas d'Ansembourg,

« Méditer jour après jour » de Christophe André, « La réalisation de soi » de Cécile Kapfer,

« Le meilleur de soi » de Guy Corneau, etc.

– inciter les gouvernements à inclure dans la scolarité une matière qui aurait pour fonction de susciter cette notion de 'je' (éléments de psychologie, par exemple)

– mettre en place des émissions télévisées sur ce thème (à des heures de grande écoute)

Et en même temps, promouvoir le principe de commune humanité (qui me semble être le deuxième principe principal) par les mêmes actions que celles précédemment citées. Cette lettre-article pourrait être envoyée à tous les acteurs du manifeste convivialiste mais également à des personnes influentes au niveau mondial telles que : Jérémy Rifkin, Bill Gates, Elon Musk, etc.

Je pourrais comprendre que ce choix paraisse surprenant. Mais je m'aperçois que le fait que le principe de commune humanité ne puisse émerger résulte souvent du fait d'un préjugé hatif et peut-être faux sur les autres ; et surtout sur les personnes, célèbres, influentes et puissantes. Parce que le fait d'identifier (au sens psychologique de l'identification) ces personnes , avec ces vocables à connotation négative (célèbres, influentes, puissantes) modifie notre « objectivité » et nous amène à les percevoir comme suspectes, « arrogantes », malhonnêtes.

Ainsi naît une opposition entre elles et nous qui nous empêche de vérifier si notre perception est recevable, et surtout donc qui nous empêche d'entreprendre un dialogue avec ces mêmes personnes (ce qui résulterait peut-être de notre part de ce manque de certitude profonde de valoir en soi) et donc d'avoir une opportunité de mettre en oeuvre trois principes sur les 4 (principe d'individuation, principe de commune humanité et principe d'opposition maîtrisée). J'insiste donc sur le fait de prendre chacun en considération.

Je ne puis penser que les attentats, les guerres adviennent d'un comportement intentionnel de personnes qui auraient la certitude profonde de valoir en soi. Ceci étant dit, la mise en place d'actions concrètes, mondialisées, allant dans le sens de l'enseignement de cette connaissance intime, profondément ressentie de cette valeur en soi me paraît être le fondement de la métamorphose, de la voie dont parle Edgar Morin. Je suis conscient aussi du fait que sa mise en place nécessitera du temps, de l'énergie, des hommes « de bonne volonté » mais j'ai cet invincible espoir dont parle Jean Jaurès : "L'Histoire enseigne aux hommes la difficulté des grandes tâches et la lenteur des accomplissements mais elle justifie l'invincible espoir."

 

Olivier Delaval

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