mardi 17 décembre 2019

Le choix d'une transition vers des sociétés du "buen vivir" et la construction d'un mouvement "convivialiste" rencontre un écho important dans nombre de mouvements écologistes, sociaux et citoyens. il constitue une référence théorique qui permet, comme l'affirme le projet des "Dialogues en Humanité" de considérer la question humaine, et sa difficulté, comme la première question politique. C'est bien en effet la difficulté du "vivre ensemble" la condition humaine, donc du con-vivere qui conduit aux formes multiples de maltraitance par lesquelles l'humanité se mutile elle même, et entretient un rapport guerrier a la nature et aux autres êtres vivants. 

 

Pour une réponse systémique aux différentes formes de maltraitance qu'expriment la captation de richesse ( par le capitalisme financier), de pouvoir ( par les oligarchies et les despotismes) et de sens ( par les fondamentalismes), il est donc nécessaire de construire ce que les états generaux de l'économie sociale et solidaire en France ont appelé la dynamique du REV afin d'associer des formes de résistance créatrice, d'expérimentations anticipatrices et de vision transformatrice qui cherchent à respecter trois exigences :

Une exigence de cohérence pour traiter les grands défis de l' Humanite conjointement : il y a paradoxalement une opportunité dans la coïncidence de ce que l'on appelle paresseusement les "crises" et qui relèvent en réalité d'un côté d'une grande transformation plus importante encore que celle qu'analyse Karl Polanyi dans son livre célèbre, et de l'autre côté d'une grande extorsion caractérisée par le transfert massif au cours des 40 dernières années ,marquées par la mise en œuvre des politiques favorables au capitalisme financier, des revenus du travail vers les revenus du capital. Par exemple le dérèglement climatique appelle une décélération de la course folle à la vitesse, à la production et à la consommation et il peut y avoir un bon usage de la crise financière dont le moteur à explosion est cette fois sérieusement enrayé ; de même il n’y a de « relance » possible que si elle est cohérente avec un développement écologique et humain soutenable, sauf à creuser notre tombeau écologique et social pour mieux tenter de sauver le système financier.

Une exigence de retour à la mesure car c’est la démesure comme le souligne le manifeste convivialiste qui est à l’origine aussi bien de l'insoutenabilite écologique de nos modèles économiques (effets destructeurs d’un productivisme forcené) , du décalage abyssal au cœur de la crise financière entre économie spéculative et économie réelle, et du creusement dramatique des inégalités sociales tant à l’échelle planétaire qu’au sein de chacune des sociétés ( cf la dernière statistiques révélée par Oxfam : la fortune personnelle de 67 personnes est égale au revenu cumulé de la moitié du " peuple de la terre" soit 3,5 milliards d'êtres humains. ( à noter la progression explosive de ces inégalités : en 2013 c'étaient 85 personnes qui avaient l'équivalent du revenu de la moitié des terriens. En 1998 le rapport mondial sur le développement humain avait déjà tiré la sonnette d'alarme en constatant ce qui était déjà obscène que 225 personnes disposaient à l'époque de l'équivalent du revenu de deux milliard et demi d'êtres humains). Ajoutons que c’est aussi la démesure mais cette fois dans le rapport au pouvoir qui a conduit il y a vingt cinq ans à l’implosion de l’empire soviétique. Ce dernier point est à rappeler afin d’éviter de s’engager dans un mouvement pendulaire de type années trente où l’on réagit aux excès du «fondamentalisme marchand » par les abus des formes dirigistes autoritaires voire totalitaires.

Une exigence de justice enfin car on ne peut garantir à tout être humain de ne pas basculer dans la pauvreté voire la misère à l’occasion de ces grands dérèglements que si l’on cesse de vouloir garantir tous les avoirs d’une économie casino qui conduiraient alors tous les états, y compris les plus riches à la faillite (les produits dérivés par exemple sont évalués à près de 700.000 milliards de dollars selon la banque des règlements internationaux). La crainte de Paul Krugman prix Nobel d’économie évoquant le risque d’une crise de type sud américain pour les Etats Unis est loin d’être exclue.

Ces trois exigences peuvent être ordonnés dans la perspective positive du convivialisme, de la politique de l'amitié et du " buen vivir" car ce sont des politiques et des économies du mieux être qu’il faut bâtir face aux coûts et aux « coups » gigantesques du mal être et de la maltraitance. C’est ainsi que les seules dépenses annuelles en armement et stupéfiants représentent plus de dix fois les sommes requises par les objectifs du millénaire des Nations Unies , tandis que les dépenses de publicité les représentent plus de cinq fois alors qu’elles sont pour l’essentiel un détournement d’un désir dans l’ordre de l’être (aspiration au bonheur, à l’amour, à la sérénité etc.), dans l’ordre du désir de consommation et de possession (cf la phrase fameuse de Gandhi : il y a suffisamment de ressources sur cette planète pour répondre aux besoins de tous mais pas assez s’il s’agit de satisfaire le désir de possession de chacun).

Une telle perspective est sous tendue par une perspective radicale de démocratie et de paix, deux aspirations majeures qui risquent d’être mises à rude épreuve par l’enchaînement classique de type années trente : crise financière>crise économique>crise sociale>peur voire panique en particulier des classes moyennes basculant dans la régression émotionnelle et sensible aux arguments simplificateurs>logiques guerrières qu’elles soient civiles ou internationales (par exemple : un pays nucléaire sombrant dans le chaos constitue une menace majeure pour la paix).

 

Dans cette perspective il faut envisager

- des propositions d’alliances civiques larges notamment avec la partie des institutions internationales, des entreprises, des familles spirituelles etc prêtes à jouer le jeu

de ces avancées ;

-le mouvement convivialiste plus exigeant à construire autour de l’appel de Gandhi : soyez vous-mêmes le changement que vous proposez- ce qui renvoie à toutes les formes d’expérimentation du lien entre les « trois intelligences » (du corps, du cœur et de l’esprit),

Dans ce mouvement expérimentant lui-même ses propres propositions, il est important de réfléchir sur la question des formes économiques autour du mieux être changeant le rapport à la richesse et à l’argent (par exemple avec de nouveaux indicateurs de richesse et l’usage en interne de monnaies et de formes d' échange solidaires ) et des initiatives politiques changeant le rapport au pouvoir ( cf le pouvoir citoyen entendu comme pouvoir d'agir coopératif diffèrent des formes de la politique compétitive en lutte pour le POUVOIR comme conquête). il faut en ce sens utiliser toute la boîte à outils riche de la « haute qualité démocratique ». Il y a en effet a construire des alternatives à l'obsession compétitive pas seulement dans l'ordre économique ( économie sociale et solidaire ) mais aussi dans l'ordre politique, éducatif et spirituel. On ne régulera pas une économie fascinée par les logiques guerrières par des systèmes politiques eux mêmes fascinés par des formes de compétitions guerrières ou des églises qui considèrent que seul le sens qui les anime est acceptable. Car les vaincus de ces guerres , qu'elles prennent des formes économique, politiques ou religieuses , deviennent des vaincus de la vie, " ces hommes en trop" dont Hannah Arendt montrait dans son texte fameux sur la banalité du mal qu'ils sont l'indice majeur de tout phénomène totalitaire. 

Un mouvement déjà là....

Un tel mouvement ne part pas du néant : il est déjà présent sous des formes multiples à travers les initiatives d’une très grande richesse émanant de ces nouvelles forces de vie que les enquêtes sociologiques évoquent sous le terme d’émergence des « créatifs culturels »[1]. Il suffit de lire les publications de plus en plus relayées par des médias importants comme Reporters d’espoir [2]pour se rendre compte de l’importance et de la vitalité des projets alternatifs au modèle dominant qui sont nés ces dernières années. Le livre de Benedicte Manier, " un million de révolutions tranquilles" ( editions LLL) en apporte un témoignage saisissant..

Mais encore a construire...

Mais ce foisonnement est aujourd’hui marqué par une double limite :

1/ il s’agit encore d’un vaste puzzle éclaté et chacun est tellement pris par ses propres projets qu’il n’a que très peu connaissance du mouvement d’ensemble : le résultat c’est que ces créatifs culturels ou ces « coopérateurs ludiques », comme j’aime à les appeler pour montrer qu’ils rompent aussi bien avec la logique guerrière et puritaine du capitalisme autoritaire qu’avec le « militantisme sacrificiel » des vieilles postures alternatives, se croient extrêmement minoritaires et marginaux alors qu’ils sont déjà une des principales force montante de l’avenir. Là où les enquêtes les situent entre 12 et 25 %, ils se vivent comme s’ils étaient 2à 3%. Il nous faut donc passer du puzzle éclaté à la figure de la mosaïque car il ne s’agit évidemment pas d’aller construire un mouvement uniforme hiérarchique et centralisé! Ici le bon usage des nouvelles technologies de communication, en particulier du web collaboratif est un outil précieux. 

2/ un tel mouvement, qui peut prendre la forme d’une vaste mutuelle d’initiatives et de projets liés entre eux par des valeurs et des règles d’échange et de partage (une charte commune) et par l’utilisation d’outils communs permettant la mutualisation croissante de ces projets permettrait à la fois de lever le nez du guidon, de « coopérer pour ralentir » comme nous le disions lors du dernier « Dialogues en Humanité » car la somme des projets, événements, actions, sites, publications etc rassemblés au cœur de cette mutuelle offrirait à ses sociétaires beaucoup plus que ce que chacun des collectifs restreints lui propose aujourd’hui avec un investissement en temps, énergie, monnaie etc. moindre du fait des ressources mutualisées. 

La brique de base d’un tel mouvement qui place l’enjeu de la joie de vivre au cœur des alternatives politiques et sociétales à promouvoir c’est l’échange d’expériences et de pratiques de mieux être, ce que nous appelons aux Dialogues la posture « Nanoub » (contraction ludique de « nous allons nous faire du bien !»). Joie de vivre et solidarité sont en effet les deux ressources majeures face aux phénomènes de peur et de sauve qui peut individualistes qui risquent de se développer dans les temps bouleversés que nous allons connaître (3). Il faut toujours avoir à l’esprit que la force de mouvements intégristes, autoritaires, voire totalitaires dans ce genre de période vient de l’instrumentation de ce que Wilhem Reich nommait « la peste émotionnelle » par des organisations proposant de retrouver une place, un sens, des moyens d’existence voire , en prime, une arme, à des individus ou des groupes totalement déboussolés par la crise. Loin que la joie de vivre, le plaisir, l’art de vivre « à la bonne heure » soit un luxe qui nous éloigne de l’urgence sociale c’est au contraire la ressource qui nous permet d’y répondre en sortant des logiques de peur, d’impuissance, de désespoir que sécrètent l’isolement et la panique. On a encore plus besoin de partager des méthodes permettant de mieux vivre le rapport au corps, au cœur, à l’esprit lorsque l’on participe à une lutte contre des expulsions de logement ou à l’organisation de soupes populaires que lorsque l’on est dans des situations beaucoup moins dramatiques. Il faut arrêter de croire que le fait d’être dans la misère ou l’exclusion annule le désir ou la conscience. C’est même le contraire qui se passe.  

L’énergie tirée de cette joie solidaire, de ce plaisir partagé a pour effet d’éviter de développer les classiques phénomènes compensatoires qui sont liés au mal être , à commencer par l’exacerbation de l’egocentrisme ou le pouvoir de domination qui sont des grands classiques au sein des mouvements alternatifs dans l’histoire et finissent par produire ces logiques despotiques ou totalitaires dont le stalinisme fut la figure monstrueuse. Une lucidité sur la captation de richesse qui est souvent le cas des mouvements critiques du capitalisme s’accompagne rarement de la même lucidité sur la captation de pouvoir (problème clef des mouvements de type communistes, socialistes étatiques ou des tenants d’un écologisme autoritaire) ou sur la captation de sens (posture des mouvements intégristes religieux par exemple). Cette énergie créatrice libérée et non dévoyée dans de nouvelles impasses peut alors être pleinement disponible pour s’attaquer aux zones de hautes pathologies collectives où sévissent les grands malades addicts de l’argent, du pouvoir, de la gloire etc. bref ces toxicomanes et ces dealers qu’il est légitime de soigner mais qu’il est irresponsable de placer à la tête d’états, d’entreprises, d’institutions internationales ou d’églises. Face aux logiques de prédation et de captation de richesse, de montée des postures autoritaires, de guerre du sens, nous avons besoin d’inventer de nouvelles formes d’action civiques à l’instar de ce que Saul Alinsky appelait dans son livre « Rules for Radicals » « le jiu tsi tsu de masse » c’est à dire l’art d’une conflictualité non violente, imaginative…et drôle ! logique de reseaux : l'exemple des États généraux du pouvoir citoyen

A quoi ressemblerait un tel processus de co-construction d'un mouvement convivialiste qui partirait d'initiatives déjà existantes ? A la différence des approches avant gardistes d'avant hier ou même des logiques fédératrices d'hier, il s'agit de rechercher des formes de mutualisation douces respectueuses de la singularité des différents projets tout en dépassant la fragmentation actuelle qui les rend inapte à peser sur des enjeux macro sociaux. C'est bien sûr par la pratique de la logique de réseaux que l'on peut envisager un tel processus en utilisant les aspects positifs de la " révolution numérique" (4). Par exemple il faut pouvoir tirer en France le meilleur de l'existence des cinq grands réseaux qui sont à l'origine du projet des États généraux du pouvoir citoyen: le Pacte civique, le collectif Roosevelt, les Dialogues en Humanité, le collectif pour une transition citoyenne et le Labo de l'Ess. La difficulté actuelle est que ce que l'on gagne en nombre de réseaux concernés (140 associations recensées lors de la journée du 12 octobre des EGPC à la Bourse du travail) se paie d'une perte d'énergie quand on monte vers les formes les plus larges. C'est déjà le cas au sein des différents collectifs qui sont des réseaux de réseaux et ce l'est plus encore lorsqu'on tente un " meta-reseau" comme les Egpc aujourd'hui ou l'Appel des appels hier.

Pour éviter cette perte d'énergie il me semble qu'il ne suffit pas d'être dans un processus de reliance et de reconnaissance mutuelle. Ces deux exigences, même si elles paraissent rationnellement porteuses de plus d'efficacité, sont émotionnellement trop faibles pour générer une énergie suffisante. Il faut donc combiner la logique de réseau et la logique de mouvement à co-construire car celle ci propose un objectif supérieur aux réseaux constituants. Elle doit le faire en étant suffisamment source de plaisir et d'énergie créatrice pour susciter un désir de participation des membres de base de chacun des réseaux concernés et pas seulement la conviction rationnelle de leurs animateurs.

En ce sens il faut s'inspirer d'avancées deja réalisées dans plusieurs initiatives :

Par exemple dans le collectif pour la transition citoyenne la logique de réseaux s'est doublée d'une logique de mouvement à co-construire à travers l'organisation d'un événement commun, le festival de la transition, qui permet d'articuler les principes d'unité et de diversité. La dimension festive et ludique y est importante, rompant avec les postures du " militantisme sacrificiel", la pratique du buen vivir intérieure étant une composante nouvelle de ces mouvements tout comme l'axe Tpts initié lors du forum social mondial de Porto Alegre ( transformation personnelle et transformation sociale doivent être complémentaires). Sur ce dernier point il est important de noter que ces mouvements ont choisi d'être accompagnés par des personnes ou des équipes qui les aident à progresser dans leur propre logique transformatrice et coopérative. Cette dimension ludique est fortement portée par l'un des mouvements les plus novateurs de ces dernières années, Alternatiba, mouvement basque qui pour lutter contre le dérèglement climatique ne se contente pas de préparer le sommet de Paris par une logique d'alerte militante traditionnelle mais fait le pari d'une chaîne de villes organisant des démonstrations enviables d'autres modes de vie possibles compatibles avec un climat non déréglé.

De leur côté les Dialogues en Humanite ont opéré une double transformation sur le fond et sur la forme en considérant la question humaine comme pleinement politique et en choisissant, en se réunissant sous des arbres et en s'inspirant de la palabre africaine, de travailler simultanément sur les trois intelligences, corps ,cœur, esprit grâce notamment a l'organisations "d'ateliers du sensible".

Les réseaux plus jeunes, tels ceux inspirés par l'Institut des futurs souhaitables et les " conspirateurs positifs", sont également très attentifs à la forme de leurs projets afin d'anticiper le futur désirable qu'ils veulent promouvoir. Citons encore parmi bien d'autres exemples l'association "Sol", membre des egpc , qui promeut des systèmes d'échange et de monnaies solidaire, qui propose dans un texte d'orientation pour sa prochaine assemblée générale de situer son projet au sein d'un mouvement convivialiste plus large.

Un exemple de ce qui pourrait être fait est la co préparation de ce que serait une université du Buen Vivir ou l'on commencerait par permettre aux participants de se reconnecter à l'énergie créatrice de leur joie intérieure pour faire sentir les quatre dimensions tout a la fois personnelles et societales de la joie : un rapport non prédateur à la nature, non guerrier à soi même et à autrui et un rapport au temps caractérisé par la qualité de présence, l'art de vivre à la bonne heure. Un autre exercice permettrait de comprendre que ces effets positifs sont aussi valables sur le plan collectif et que l'inverse est aussi vrai : les situations de mal être, de mal de vivre, a fortiori de maltraitance, se traduisent par des compensations prédatrices ou dominatrices structurées par des logiques de peur ou d'envie. A cette occasion on demanderait aux différents mouvements qui se sont organisés ces dernières années autour du bonheur ( ex happyLab.), de la joie ( ex Printemps de l'éducation), du buen vivir ( ex Alternatiba) d'animer ce temps en faisant découvrir les outils qu'ils mettent en œuvre. L'idée est de ne pas raisonner en termes de transition linéaire vers le buen vivir et le convivialisme mais d'organiser un mouvement en spirale où l'on part de l'expérience tant personnelle que collective de la joie de vivre pour la renforcer et pour créer ensuite les conditions d'une stratégie virale en direction des indécis . Quant à l'approche des zones de hautes toxicité ou dominent les "guerriers puritains" , elle suppose que ceux qui vont y intervenir possèdent un système immunitaire de qualité et un appui ressourçant des autres "coopérateurs ludiques" ! On le voit en particulier pour les tentatives de "faire de la politique autrement" : si une analyse lucide des effets de la politique compétitive n'a pas été conduite, si l'appui coopératif est insuffisant, si le travail personnel sur la joie de vivre n'a pas été conduit, alors les meilleures intentions du monde ne résistent pas à l'excitation que procure la lutte pour la conquête du pouvoir et cette excitation est la seule manière d'échapper aux effets dépressifs que provoque la brutalité des rapports qui régissent la vie politique compétitive.

Dans une telle approche il s'agirait ainsi de partir d'abord des changements de posture de vie pour avancer ensuite vers les transformations dans le rapport a la richesse et a la monnaie, au pouvoir, au savoir, au sens , voire à l'amour qui reste encore souvent habite par les logiques de possession. C'est ce que j'appelle le module ABS, qui permet d'aborder  positivement trois attentes fondamentales chez les humains que sont les demandes d'amour, de bonheur et de sens. Toute la boîte à outils et toute la diversité des différentes approches serait alors disponible à travers des parcours possibles qui convergeraient ensuite vers des temps de partage des voyages ainsi vécus. Il pourrait y avoir des parcours de type printemps des richesses ( monnaies, indicateurs, ESS, économie symbiotique, circulaire, fonctionnelle etc. Finances solidaires...), un parcours sur les nouvelles formes politiques, éducatives, spirituelles, amoureuses etc. Et des parcours pluriels croisant ces différentes approches.  Les Dialogues en Humanité pourraient commencer à expérimenter cette perspective à l'occasion des rencontres de Lyon de début juillet puis de Salvador de Bahia en octobre. Cette approche pourrait être proposée pour animer une partie du prochain forum social mondial de Tunis début 2015. En France il faudrait en débattre au sein du mouvement convivialiste, des états généraux du pouvoir citoyen et avec Alternatiba dans le cadre de la préparation du sommet de Paris sur le climat fin 2015. En Europe elle se situe dans la ligne du texte que nous avons rédigé pour " le Monde" et qui a été signé par de nombreux animateurs de mouvements citoyens et de membres du Manifeste convivialiste.

Patrick Viveret

[1] Voir en particulier deux livres aux éditions Yves Michel : « l’émergence des créatifs culturels » et « les créatifs culturels en France »

[2] Reporters d’espoir s’est associé par exemple récemment et avec un succès grandissant avec Libération, et Courrier International pour construire des numéros plaçant des reportages et des enquêtes sur ces mouvements au cœur de la lecture de l’actualité.

3)cf mon dernier livre " Vivre a la bonne heure" aux Presses d'Ile de France

4) le terme de "révolution numérique" mériterait d'être revisité car il est finalement très pauvre renvoyant à la seule utilisation du langage binaire de l'informatique. Il ne rend pas compte de ce que Thierry Gaudin avait appelé une véritable révolution de l'intelligence, ou Jacques Robin "la mutation informationnelle" bouleversant les rapports entre humains et pas seulement leurs rapports aux objets et aux techniques. 

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