mardi 17 décembre 2019

Inscrire dans la liste des discriminations prohibées la discrimination pour précarité sociale, ou encore pour vulnérabilité économique. la dynamique de la lutte contre les discriminations, et en amont contre les préjugés est forte et positive. Elle permet de se civiliser, de se former, de prendre responsabilité pour l'histoire qui comporte son cortège de stéréoptypes hérités.

Il se trouve que le mépris envers les plus démunis, la présomption de leur incapacité dans tous les domaines, le fait qu'ils sont le plus souvent victime d'un traitement différent, qu'ils sont victimes de très nombreux stéréotypes (1) n'est pas nommé dans notre culture: les mots de racisme, l'homophobie, le machisme désignent et permettent de lutter contre des attitudes héritées qui amènent à des traitements différents. Ce même genre d'attitude, de mépris, de préjugés envers les pauvres ne porte pas de nom. Impossible de qualifier un petit camarade dans la cour de récréé qui insulte un autre en lui disant qu'il est un Cas Soc'. Or ces attitudes sont bien ancrées et ont des conséquences très réelles. Les effets de signaux comme le lieu d'habitation, le fait de porter une carte CMU, d'être bénéficiaire du RSA ont des conséquences mesurées fortes sur des refus de soin en particulier, mais aussi des accès à divers droits fondamentaux. Un testing organisé à l'été 2014 montre qu'un signal d'habitat en centre d’hébergement amène à une discrimination à l'embauche plus forte qu'un signal d'appartenance ethnique. Or précisément le fait d'interpréter les rejets et mépris sociaux uniquement en terme ethnique contribue à empoisonner l'espace démocratique, et à diviser les milieux populaires. Le mépris social non nommé et non reconnu contribue au silence et au repli des milieux populaires. La CNCDH, le Défenseur des Droits, une coalition des grands syndicats, association des droits de l'homme, et de lutte contre la pauvreté ont demandé cette modification. Le Sénat s'en est saisi et l'a voté le 18 Juin 2015. Il faut maintenant que l'Assemblée Nationale s'en saisisse, mais surtout les Français, pour comprendre que le mépris social est un poison pour la démocratie et qu'agir contre est un devoir de chacun.

 

Bruno Tardieu

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