mardi 17 décembre 2019

Voici mes trois propositions, qui concernent respectivement l’éducation, l’environnement et la justice.

  • L’éducation

Les aspects relationnels de ’enseignement constituent le parent pauvre de la formation des futurs enseignants, en ESPE. De jeunes professeurs sont totalement désorientés lorsqu’ils se retrouvent en situation concrète devant des élèves présentant des difficultés. Il faudrait donc intégrer un nombre conséquent d’heures de cours sur ces thèmes dans la formation initiale et continue. 
Par ailleurs, il faudrait faciliter le développement en classe de pratiques telles que l’apprentissage coopératif, le tutorat par les élèves pairs, les ateliers philosophiques avec les enfants. Ces pratiques sont particulièrement efficaces, en termes d’apprentissage de la citoyenneté, de respect des autres, d’estime de soi et de résultats scolaires.

  • L’environnement

De nombreux exemples montrent que la meilleure façon de résoudre les grands problèmes environnementaux qui menacent la planète consiste à faire « trialoguer » autour d’une table les industriels, les associations environnementales et les agences gouvernementales de l’environnement. C’est par exemple ce qui s’est passé pour ce que l’on peut considérer comme les deux plus grands succès de la lutte contre la pollution : la dépollution du Rhin et le rétablissement de la couche d’ozone. Il faudrait donc multiplier ce genre d’initiatives. Instaurer donc une politique du partenariat plutôt que de l’invective réciproque.

  • La justice

 De très nombreuses études ont montré que la justice restauratrice – qui permet la rencontre entre victimes et agresseurs, dans des conditions de sécurité psychologique et physique pour les victimes – est bien plus efficace que la justice pénale classique, sur ces trois aspects : reconstruction psychologique des victimes, prise de conscience de la gravité des actes commis par les agresseurs, diminution de la récidive. La France est très en retard dans ce domaine, alors que d’autres pays utilisent largement cette approche. Christiane Taubira avait développé l’idée au début de son mandat comme Ministre de la justice, mais les suites ont été fort limitées. Il faudrait donc instaurer cette pratique de la manière la plus large possible dans la justice française.

Remarque complémentaire 
Je me permets de rajouter un questionnement à l’adresse des convivialistes. Il serait évidemment dommage et potentiellement démobilisateur que l’ensemble de nos suggestions reste lettre morte. Au-delà de la diffusion au travers d’un ouvrage, comment envisageons-nous de les faire se réaliser ? Je pense que le convivialisme n’est pas seulement une fin mais également un moyen ; pas seulement le type de société auquel nous aspirons, mais également le processus par lequel nous y parviendrons. Or, j’ai l’impression que la voie législative est le principal outil envisagé par les uns et les autres. Cette approche est parfois efficace, parfois non, et parfois clairement contre-productive. La voie de la concertation prend parfois plus de temps (mais pas toujours) et est surtout souvent bien plus efficace, surtout à long terme, comme le montrent de nombreuses recherches comparatives dans différents domaines, en particulier la protection de l’environnement.

 

Jacques Lecomte

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