Ce manifeste répond au sentiment d’indignation, aux montées de fièvre que j’éprouve devant la haine, la violence, les pratiques d’exclusion, d’intimidation, d’humiliation ; ces pulsions meurtrières m’apparaissent comme de terribles menaces de régression, de destruction. Et je pense qu’il est bon, nécessaire de se trouver nombreux, de se lier autour d’un texte qui les dénonce. Qui s’y joint fait avancer la Résistance.
Cette fièvre, je l’avais ressentie dès mes 20 ans , à la Libération, dans la Drôme où se répandait la « tonte » des jeunes femmes ayant eu des rapports avec les allemands. Après vive discussion, les Résistants s’étaient engagés sur un texte condamnant sans recours ces actes sadiques, inhumains.
De même, au pic de la guerre froide, ai-je souscrit, puis fait signer quelques 300 citoyen(e)s à l’Appel de Stokholm contre les armes nucléaires ; texte manipulé mais qui répondait bien à notre émotion profonde.
Ainsi aussi, à la fin de la guerre d’Algérie, avec le club Jean Moulin, nous avons fait circuler un texte dénonçant la torture indigne de notre armée.
Exemples entre bien d’autres qui sont très différents mais qui expriment un même rejet de la haine, de l’asservissement, du meurtre d’êtres humains.
C’est précisément dans ce même sens que je vous transmets par ce message le nouveau site du « convivialisme » et le manifeste qui y est joint.
Celui-ci crie alerte aux risques d’effondrement écologique, économique, social, politique qui pèsent avec une extrême urgence sur l’humanité. Il propose pour les conjurer des transformations profondes visant nos capacités à respecter la Nature et nos semblables à la fois par nos comportements individuels de respect, d’empathie, de patience et par des institutions qui organisent l’accès de tous à la liberté et aux biens communs.
Il répond à mes craintes et mes espoirs. Et je crois à la force d’entrainement d’un texte partagé. Je souhaite que vous soyez nombreux à le faire vivre.
Claude Alphandéry, le 10 février 2020