D’après le Second manifeste convivialiste, Pour un monde post-néolibéral
« Tout le monde », ou presque, parle de l’urgence climatique. Pourtant les choses ne bougent vraiment pas assez vite. Et l’urgence ne concerne pas que le climat !
Bref, le monde va mal mais il ne faut toujours pas mettre les pieds dans le plat. Et pourtant il le faut. Sans détour :
- Nous déréglons le climat à grandes enjambées ;
- Nous maltraitons la biodiversité qui est de plus en plus souffrante ;
- Nous dégradons notre environnement presqu’à chaque instant ;
- Nous tolérons la cupidité d’une minorité et les injustices croissantes qui en sont la conséquence;
- Nous dilapidons les pays du sud et rejetons l’immigration qui en découle ;
- Nous critiquons la « société de consommation » mais nous n’en changeons pas pour autant !
Bref nous faisons souvent fausse route.
La preuve ?
Rares sont ceux qui pensent que demain sera mieux qu’hier ou aujourd’hui.
Certes chacune et chacun peut se dire qu’elle ou il se débrouillera mieux que les autres, que c’est à chacune et chacun de faire ce qu’il faut, de mériter un sort « enviable », qu’on peut espérer vivre sur une sorte « d’îlot de bonheur » au milieu d’un « océan de malheur ». N’est-ce pas ce qu’imaginent les survivalistes ?
Ce qui est étonnant, c’est que l’on puisse y croire. Croire, non pas que cela puisse arriver, mais croire que cela puisse durer ne serait-ce que quelques semaines ou quelques mois. Oublions par conséquence cette hypothèse extrême.
Mais alors ?
Alors on continue comme avant ? Malgré les avertissements des scientifiques du GIEC ? Malgré l’alerte sonnée par les scientifiques de l’IPBES au sujet de la biodiversité ? Malgré les secousses géopolitiques qui s’amplifient puisque chaque pays cherche à tirer la couverture à soi ? Malgré les pénuries alimentaires qui s’accroissent ? Malgré les risques de nouvelles pandémies ?…
Alors on continue ?
Non on ne continue pas.
Mais alors pourquoi on continue malgré tout ?
Je sais, amie lectrice, ami lecteur, ce que tu vas me dire.
Tu vas me dire que « oui, je suis d’accord, Moi, pour changer ma façon de vivre, ma façon de vivre avec les autres. Oui je crois qu’un vie plus cool, plus conviviale, plus solidaire… ça devrait être bien. Oui, mais voilà, il y a un problème, un Gros Problème ».
Ah ! Il y a un gros problème, vraiment gros ?
Et là, amie lectrice, ami lecteur, tu me dis : « oui, c’est les Autres ! ».
Les « Autres », une sorte de masse anonyme et virtuelle ? Ou les autres, mes sœurs, mes frères, mes amies, mes copains, mes parents et grands-parents, mes enfants et petits-enfants, mes collègues… les gens de mon quartier ou de mon village, le maire, l’instituteur, le curé, la boulangère, le pharmacien… ?
Faut-il comprendre que « les Autres » c’est toujours un problème, un problème ? Un problème qui n’aura jamais de solution ? C’est bien ça ?
« Bah oui, on peut le dire comme ça. C’est bien triste mais c’est comme ça ».
Admettons. Admettons que c’est bien ce genre de propos que nous entendons… ou qui plane en toile de fond de nos échanges et de nos pensées. Comme s’il n’y avait aucune alternative (le fameux TINA de Margaret Thatcher pour les seniors).
Admettons qu’il n’y ait pas d’alternatives. Et en même temps autorisons-nous à rêver. Avec notre cœur, avec notre bon sens… et aussi avec notre raison. Car rêver peut nous aider à oser.
Faisons cinq rêves.
- Rêvons à la nature. Cette nature qui m’apporte à la fois ma nourriture saine et sans poisons, cette nature qui m’offre tant de plaisirs dans les montagnes, en bord de mer, le long des lacs et rivières, dans les océans, dans les forêts et les prairies fleuries, cette nature qui me permet d’être « au coin du feu », cette nature qui m’offre les plaisirs de la pêche, de la baignade, de la randonnée, du chant des oiseaux, du spectacle des animaux sauvages, cette nature qui me fait le cadeau de son silence apaisant, avec ses levers et couchers de soleil et de lune, cette nature qui m’offre des sources si fraiches et si pures, cette nature que je peux respirer à plein poumons…Cette nature faite de collaboration vitale entre végétal, animal et humain comme le symbolise si bien la pollinisation… Cette nature que l’homme (et tout autant la femme) détruit à grandes enjambées au point de scier la branche sur laquelle nous sommes assis et qui va craquer dans très peu d’années. Nous en avons besoin de cette nature. Et cette nature, unique, a besoin de nous, elle a besoin de notre soin, comme une personne que nous aimons. Nous formons un couple qui a besoin de cet amour réciproque, partagé. Impossible de changer de partenaire en cours de route. Nous sommes, elle et nous, la Nature.
- Rêvons à l’humanité. Rien de ce qui se passe à l’autre bout du monde nous est indifférent. Comment imaginer que le malheur puisse rester confiné là où il est ? Pouvons-nous nous passer des échanges de biens matériels ou immatériels dont nous dépendons à tout instant ? Est-il réaliste de penser que les dictatures resteront confinées là où elles sont apparues ? Comment rester insensible à la souffrance de peuples opprimés ou exploités et qui, par-dessus le marché, voient leur maison, leurs cultures, leurs familles englouties par l’océan qui monte, le désert qui progresse, le feu qui ravage, la faim qui fait mourir à petit feu… ? Pouvons-nous ignorer tout ce que nous ont apporté les civilisations actuelles et anciennes ? Et tout ce qu’elles pourraient nous apporter ? Aurons-nous la naïveté de croire qu’il peut y avoir deux, humanités, deux planètes en une, l’une surpeuplée et miséreuse, l’autre barricadée et opulente ?… Alors que nous formons « une seule famille » sur une planète devenue trop étroite. Il n’y a pas de planète ou d’humanité de rechange. Nous sommes, elle et nous, l’Humanité.
- Rêvons à la société. N’est-ce pas cette société si souvent décriée qui nous apporte « malgré tout », beaucoup de bienfaits ? Bienfaits matériels avec la santé, avec une économie structurée et performante, des infrastructures de loisirs, de confort… Mais aussi bienfaits immatériels avec l’éducation et la connaissance, la sécurité, la solidarité et le réconfort, la mobilité et la découverte, la démocratie, la citoyenneté et la paix, l’épanouissement personnel… Autant de bienfaits considérables, bien que malmenés par notre consumérisme frénétique, qui nous semblent aller de soi alors qu’ils sont si fragiles. Et au-delà, n’est pas grâce à cette « sociabilité organisée » que nous pouvons être une femme ou un homme libre, debout, acteur de son destin ? Libre d’être à la fois ingrat et reconnaissant. La société nous donne car nous lui donnons. Nous sommes, elle et nous, la Société.
- Rêvons à notre individuation. Chaque être humain est unique. Ne sommes-nous pas très attachés à la reconnaissance de notre singularité ? De notre être ? Ne nous est-il pas douloureux au fond de chacune et chacun de nous de devoir nous conformer à des injonctions, des codes et des jugements qui nuisent à notre reconnaissance en tant qu’individu unique ? Sommes-nous bien dans notre peau quand nous sommes obligés de jouer la comédie ? Quand le paraître, le regard des autres, prend le dessus et que l’on n’ose pas être simplement pour ce que nous sommes ? Chacune et chacun aspire légitimement à se développer au mieux de son individualité particulière, en développant ses capacités, sa puissance d’être et d’agir, mais sans nuire aux autres. C’est le contraire de l’individualisme, du chacun pour soi et de lutte de tous contre tous. C’est reconnaître l’interdépendance entre les humains et la nature pour se « bonifier », dans un processus d’apprentissage et d’enrichissement réciproque. Nous apprenons, apportons aux autres parce que nous enseignons et apportons aux autres. Nous sommes, les un(e)s et les autres, des « Individus » !
- Rêvons de nous « opposer » pacifiquement. Il est normal que les humains n’aient pas tous la même sensibilité, le même regard, les mêmes préférences, les mêmes humeurs, les mêmes valeurs, les mêmes avis… selon l’individualité, la singularité de chacune et chacun. Comment pourrait-il en aller autrement ? Reconnaissons qu’il nous arrive de « profiter » d’avis ou de points de vue très différents des nôtres. Reconnaissons que se différencier, s’individuer, en comparaison ou confrontation avec d’autres perceptions, d’autres opinions, est de nature à nous renforcer sans pour autant affaiblir l’autre. Il est donc normal que les humains s’opposent, se confrontent pour mieux comprendre, mieux réfléchir… tout en préservant les quatre principes précédents. S’opposer est alors une bonne chose qui ne retire rien au libre arbitre de chacun(e). Nous sommes alors, les un(e)s et les autres, en « opposition créatrice ».
Quels beaux rêves ! Comment ne pas être d’accord ?
Oui, quels beaux rêves ! Imaginons un instant un discours contraire : « La nature m’est indifférente, je n’en attends rien. Quant aux autres ils ne m’intéressent pas. Ils sont sans valeur. Ils peuvent même être une menace pour moi et ce serait mieux de les éliminer ou de les éviter. Surtout que je n’ai rien à attendre des autres et de la société qui m’oppresse sans rien m‘apporter. J’ai forcément raison. Je ne tolère pas de points de vue différents du mien. Je me suffis à moi-même en toutes circonstances. Autant dire que je me connais bien. Je suis moi-même en permanence. Bref, personne n’a le droit de faire obstacle à mes envies, et je suis pleinement heureux ainsi“.
CQFD !
Pourtant le bât blesse. Le bât blesse même très fort !
Observons et réfléchissons le plus loyalement possible à un impératif préalable.
- Rêvons que nous ne faisons plus la course au toujours plus ! Ne sommes-nous pas d’éternels insatisfaits ? Insatisfaits de ne pas avoir toujours plus. Toujours plus vite et, si possible, pour rien ou presque. Cette insatisfaction est bien entendu à nuancer. Car il y a ceux qui sont réellement dans le besoin, il y a ceux qui en ont déjà pas mal, disons suffisamment, il y a qui ceux accumulent des fortunes importantes, croissantes, démesurées et même colossales. Et pour compléter le décor à ce sujet, nos sociétés occidentales sur cette planète sont des sociétés globalement riches malgré leurs pauvres et pourtant insatiables. Ce sont d’ailleurs ces sociétés d’opulence qui détruisent la planète. Autant dire que nous butons ainsi sur des limites planétaires déjà dépassées. Mais ce n’est pas tout. Ce mécanisme que nous appelons « démesure », c’est en vérité une maladie très contagieuse. C’est-à-dire que, au-delà de légitimes aspiration à un certain bien-être (matériel et moral), nous continuons à vouloir accumuler. Accumuler aveuglément ou presque… c’est-à-dire au détriment de la nature, de l’humanité, de la société, de notre individuation et du dialogue qui nourrit. Dans une logique d’avidité, de besoins insatiables quel que soit le niveau de richesse atteint, jusqu’à la cupidité sans culpabilité. N’est-il pas évident, à ce stade, que cette démesure, cette course au toujours plus, nous fait renoncer aux principes exposées plus haut ? Telle est l’exigence, tel est l’impératif : renoncer à la démesure, renoncer au toujours plus. C’est l’impératif de maîtrise de l’hubris.
Nous voilà alors dans un monde rêvé. Les « convivialistes » ont exprimé cette « base commune » d’un « vivre ensemble » . Reste à nous l’approprier.
Et pourtant le doute persiste alors qu’il est trop tard pour faire autrement. D’ailleurs, comme nous le rappelle Edgar Morin, l’espérance c’est l’improbable.
Remercions les « convivialistes » de mettre à notre disposition l’ouvrage collectif Second manifeste convivialiste, pour un monde post-néolibéral (éditions Actes sud). Toutefois, cet ouvrage n’est qu’un premier pas vers cet idéal auquel nous venons de rêver.
Marquons à ce stade une brève pause pour nous référer textuellement à la rédaction du « manifeste » et citer ici les cinq principes et l’impératif du convivialisme :
- Principe de commune naturalité
- Principe de commune humanité
- Principe de commune socialité
- Principe de légitime individuation
- Principe d’opposition créatrice
- Impératif de maîtrise de l’hubris
En « rentrant dans le jeu », nous aurions collectivement, et par contre coup individuellement, beaucoup à gagner : société plus égalitaire, économie moins sous pression et plus écologique. Pourquoi moins sous pression et plus écologique ? Sans aucun doute parce que l’incarnation de ces valeurs ou principes nous libérerait en partie de comportement consuméristes, matérialistes, individualistes, utilitaristes et productivistes au profit de façons de vivre plus favorable au lien social, à la solidarité et à la convivialité.
Une telle évolution nous conduit concrètement ici, au « local » : vivre bien ici, ensemble, dans la convivialité, la fête et l’entraide, l’économie circulaire, l’économie de la fonctionnalité qui privilégie l’usage à la possession et favorise le lien social…
On voit là pointer nécessairement une démocratie locale revigorée entre les citoyennes et les citoyens, les collectivités locales, communes au premier rang, les associations, et aussi l’ESS (économie sociale et solidaire), du moins celle qui jouerait authentiquement le jeu… a fortiori si l’œil de l’Etat était bienveillant en consacrant le droit à l’expérimentation imaginé par certains auteurs.
Observons au passage la nécessité d’une approche nuancée, non dogmatique, impliquant du discernement : discernement technologique, reconnaissance du rôle de l’Etat[1] et des « grandes » collectivités et de l’Europe, et de celui des entreprises (régulées plus qu’auto-régulées probablement), en tenant compte qu’un basculement d’une logique vers une autre implique une forte solidarité entre tous les acteurs. Dans cette logique de démarchandisation-déglobalisation-post-croissantiste et maîtrisant la démesure techno-croissantiste, plus juste socialement, plus éco-responsable, l’avantage pour une très large majorité des femmes et des hommes est aussi subordonné au fait de jouer le jeu (des principes convivialistes et d’adopter l’impératif de maîtrise de l’hubris), de s’impliquer et d’assumer ses responsabilités en proportion de ses propres capacités.
Le local a donc vocation à être en première ligne pour deux raisons : c’est sans doute d’abord à ce niveau que les principes du convivialisme peuvent être appliqués et c’est sans doute à partir de ce vécu initial que l’opinion publique est susceptible d’évoluer pour s’imposer aux décideurs économiques et politiques !
Jean-Louis Virat, diplômé de sciences politiques et d’expertise comptable, est impliqué dans la prospective, le développement personnel et la gestion de la relation dans les structures à dimension humaine et engagé dans différentes associations et en particulier Ecologie au Quotidien, Le Laboratoire de la Transition, RéDAR, EPICENTRE, Libr’acteurs, association des lecteurs d’Alternatives Economiques, Grands-Parents pour le Climat….
[1] Voir en ce sens Olivier De Schutter et Tom Dederwaerdere « L’Etat partenaire », éditions de l’Université Catholique de Louvain et Timothée Duverger « Utopies locales, les solutions écologiques et solidaires de demain », éditions les Petits Matins, collection Mondes en Transition
Merci à tous ceux qui ont réagi à cette rédaction que j’espère améliorer grâce aux retours de jeunes que je solliciterai à la rentrée.
Pour ma part je me nourris depuis des années des excellentes réflexion des convivialistes et d’autres « penseurs ». C’était une étape nécessaire qui doit se poursuivre. Mais il faut aussi passer à l’action. Telle est ma priorité en travaillant sur le lien entre la réflexion ( par exemple le « convivialisme pour tous ») et les actions concrètes de terrain. C’est ainsi que j’ai engagé différents projets essentiellement locaux (forums jeunes qui remporte un succès avéré, projet d’agora des association pour un futur désirable, écologique et solidaire, projet Européen 2023-2027…).
Concernant les forums jeunes je suis prêt à en faire la présentation car j’ai bon espoir de conclure un partenariat avec le mouvement « Grands-Parents pour le Climat France » qui permettrait d’exploiter les acquis de nos expériences auprès du plus grand nombre de jeunes (17 ans environ) possible.
Certains convivialistes seront peut-être intéressés de prêter main forte sur leur terrain local ?
Pourquoi pas?
Je serai ravi de prêter mains fortes à toutes initiatives sur l’acculturation aux changements climatiques. Je suis fresqueur et engagé dans plusieurs associations locales dans le Var et Bouches du Rhône notamment à Terres de Liens,
Au plaisir d’en savoir davantage sur vos actions locales.
Voilà d’excellents principes POLITIQUES qui permettraient d’établir des relations sociales et non des rapports sociétaux qui nous coupent les uns des autres. Il faut toutefois noter que ces rapports sont aussi établis par l’introduction d’une question de valeur, d’intérêt, de jugement, dans nos relations. Le registre n’est alors plus simplement politique, mais moral, car on y introduit de l’ÉTHIQUE, qui suppose « l’impératif du contrôle de l’hubris ». C’est là que l’on rencontre un problème que la politique, qui institue la VIE de la cité, ne peut résoudre par elle seule. Platon, dans République, livre II (369c) pose, déjà, ainsi le problème : « Mais quand un homme donne et reçoit, il agit dans la pensée que l’échange se fait à son avantage. » L’éthique est un processus de délibération avec notre volonté de puissance (SURVIE), pour paraphraser Nietzsche. La délibération du capitaliste et du consommateur lambda mène au choix de la plus-value (Cf. Marx) et du plus-de-jouir (Cf. Lacan). Leur préoccupation n’est pas le lien social, mais leur manque et sa satisfaction, ce qui est finalement très humain, car nous sommes tous construits sur du manque et du désir. Parmi ces personnes qui ne manquent pas de désir, certaines manquent d’autocontrôle (autonomie, autorité sur soi), tandis que d’autres manquent d’identité (statut social), ou encore les deux. Les approches de résolution à privilégier seront sans doute différentes selon où se situe le problème pour l’individu concerné.
Bien cordialement.
Nota : pour approfondir les distinctions posées ici, consulter l’anthropologie clinique de Jean Gagnepain, nommée « Théorie de la médiation » (voir lien ci-dessous).
Bonjour!
Faisant mien le Convivialisme, je souhaite entrer en contact avec des Responsables pour réfléchir ensemble comment contribuer à le mettre en place en interne dans un pays ainsi que dans ses relations avec d’autres pays.
Merci et conviviales salutations.
Rabenasolo
Merci Jean-Louis Virat pour ce rappel des valeurs du convivialisme sous un angle poétique par des rêves à partager. Cela fait du bien de lire ces mots d’engagement. Vive le convivialisme, vive la vie tout simplement, en pleine conscience.
Je sens la nécessité pour notre mouvement de se relier aux démarches de prise de conscience collective qu’amènent souvent le chemin spirituel qu’empreintent de plus en plus les personnes qui s’ouvrent aux changements, si nécessaires à opérer. Continuons d’échanger et d’aimer les autres, tous les autres.
Denis
Comment ne pas apprécier la déclinaison personnelle que fait Jean-Louis Virat des cinq principes convivialistes et de l’impératif à maitriser la démesure (hubris) ? Car c’est à ce niveau, cette exigence d’impératif comme Devoir, qu’il semble nous inviter à faire localement l’expérience vécue du convivialisme. Un devoir d’expérimenter en local ce qui concoure à développer notre individuation. L’article 29 de la Déclaration Universelle des Droits Humains n’énonce-t-elle pas comme second et dernier devoir (après avoir institué en Devoir l’esprit de Fraternité dès l’article premier) celui de l’individu envers sa communauté d’individus libres et égaux ? « L’individu a de devoirs envers la communauté dans laquelle seule le libre et plein développement de sa personnalité est possible… ». Et cependant peut-on se satisfaire de l’autosuffisance d’une convivance locale ? Sans penser qu’il y aurait beaucoup de suffisance à s’estimer autosuffisant. Ce serait davantage dans l’émergence d’une convivialité née des échanges entre expériences locales, dans un devoir convivialiste d’agir en communauté de communautés qu’il nous faudrait envisager un nouvel impératif. A une condition cependant : si, pour tendre vers la Fraternité, une Liberté première précède l’Egalité, que cette Liberté première soit celle de l’Autre.