mardi 17 décembre 2019

SUR PENSER LA STRATÉGIE ET PENSER LA TRANSITION
 

A propos d’appels et de manifestes

Le mouvement altermondialiste s’est affirmé comme un mouvement antisystémique porteur d’avenir par rapport à la phase néolibérale de la mondialisation capitaliste. L’ouverture de la crise globale ouvre de nouvelles perspectives et lui donne des responsabilités particulières[1]. Si les dangers sont connus, les opportunités le sont moins. Comme le dit Hölderlin, cité par Edgar Morin, « là où croît le péril, croît aussi ce qui sauve[2] ». Il s’agit d’explorer l’espace de la transformation radicale et d’en jeter les premiers jalons. La démarche retenue part de la critique des politiques dominantes et de la logique systémique, pour l’heure la logique néolibérale, en s’appuyant sur les résistances sociales et citoyennes qui en dévoilent le sens et les conséquences. Elle met en évidence les dangers portés par les issues néoconservatrices et prépare les alliances pour y résister. Elle explicite ensuite les propositions réformatrices, en l’occurrence celles du Green New Deal, et explore la possibilité de les pousser à leurs limites et de les dépasser pour éviter les alliances régressives et accentuer les améliorations pour les couches populaires.

1) En toile de fond : le changement climatique est bien la « mère de toutes les batailles »

La liste est longue des conséquences non soutenables de la croissance économique (du moins sous sa forme actuelle), tant au plan social (creusement des inégalités, crise du lien social...) qu'écologique (déclin de la biodiversité, épuisement des ressources, accumulation des déchets, usure des sols, pollutions....). Parmi ces nombreux défis, le changement climatique occupe une place particulière pour plusieurs raisons qu'il convient de rappeler :

Pendant que j’ai des souvenirs encore un peu frais, quelques lignes à destination des absents et pour fixer ce qui peut l’être en vue d’approfondissements futurs.  

Très bien accueillis, via Jean-Claude Guillebaud, par les éditions Les Arènes, nous n’étions pas très nombreux (16 ou 17) parce que la date tombait en plein milieu de la seconde semaine des vacances scolaires de Paris. Mais c’était une des seules dates qui convenait aux deux intervenants principaux que nous avions choisis, Geneviève Azam et jean-Pierre Dupuy. Et à laquelle nous pouvions disposer de la salle des Arènes.

Réunion très chaleureuse, riche et amicale, là encore. Elle commence par de premiers échanges sur « Pour un manifeste du convivialisme ». Il ne s’agissait pas de discuter le livre en profondeur mais de fixer les points d’accord ou de désaccord principaux. Quant au fond, je n’ai pas noté de vrais désaccords, au contraire. Jusqu’à présent, les critiques les plus prononcées restent celles de François Fourquet, auxquelles j’ai tenté de répondre. Les doutes, plus que les critiques à proprement parler, portent sur les points suivants :

(i.e. comment gérer la transition vers une société à croissance faible ou zéro, alors que cette décroissance forcée provoque actuellement en Europe des catastrophes ?)

Un malentendu, entre « lendemains qui chantent » et modestie de la transition

Eclaircissons d’abord un malentendu, qui est cependant éclairant. Alain Caillé, dans son compte-rendu de la réunion du 1 mars, écrit : « Certains (et plus particulièrement Hervé Kempf) pensent que ce qui peut et doit nous réunir c’est la conscience de la catastrophe prochaine, une heuristique de la peur en somme, et qu’il faut se garder de prétendre donner à rêver et à espérer en un monde plus ou moins radieux, sous peine de retomber dans les illusions potentiellement totalitaires d’hier »1
Je n’ai pas voulu dire exactement cela.

12 h 30 – 14 h 30, au François Coppée, 1 Bd. Du Montparnasse, métro Duroc
Brèves présentations (nous nous connaissons à peu près tous, au moins de nom)

 

Première série de questions :
- Quelles finalités et quelle périodicité chacun assigne-t-il à ce groupe ? Devons-nous aller rapidement vers la rédaction d’un Manifeste du convivialisme ? Bref ou un peu détaillé ? 
- Devons-nous l’élargir ? À davantage de femmes, notamment, et qui ?
- Assurer de la publicité à nos discussions ? Via un ou des sites internet ? 
- Quid du nom même de convivialisme ?

par Alain Caillé

 

Chers amis

Je voudrais vous faire part de mes états d’âme suite à notre bonne réunion sur la transition du jeudi 29 mars. Je me sens en effet à la fois en harmonie, par un côté, avec ce que nous ont dit Bernard Perret, Hervé Kempf, puis, plus brièvement, Dominique Méda et Denis Clerc. Mais aussi, par un autre côté, en désaccord. Sur deux points : 
- 1. Ils nous ont décrit ce à quoi devrait ressembler une société a-croissante ou décroissante. Or, je ne me retrouve pas pleinement dans le type de société qu’ils semblent appeler de leurs vœux. 
- 2. Par ailleurs, je ne vois toujours pas bien comment on pourrait ou devrait passer de la société actuelle, en stagnation ou décroissance forcée, à la société volontairement a-croissante. Je ne me représente pas concrètement le processus de transition.

 

Après quelques défections tardives nous n’étions finalement que neuf ce mardi : Mardi 29, C. Fourel, F. Flahault, R. Gori, B. Perret, J-B. de Foucauld, J. Lecomte, C. Alphandéry, A-M. Fixot et moi-même.

Il s’agissait dans mon esprit à la fois de prendre des décisions finales sur l’organisation de la soirée du 17 décembre et de faire de celle du 29 octobre une sorte de répétition générale. Après échanges avec les uns et les autres et de nombreuses réflexions et incertitudes j’étais parvenu à la conclusion qu’il fallait, le 19 décembre, présenter le moins possible de considérations générales et le plus possibles de petits tableaux permettant de faire prendre conscience au plus grand nombre de l’immense quantité de réformes ne nécessitant aucune augmentation du PIB – ne coûtant pas un sou, si l’on préfère - qui peuvent et doivent être entreprises, et qui rendraient la société française infiniment plus agréable à vivre. Nous ne mobiliserons en effet, et notamment les jeunes, qu’en dépeignant un avenir désirable. À la condition que nous sachions effectivement nous discipliner il ne me paraissait pas impossible de faire entendre le 17 décembre une douzaine de communications ne dépassant pas dix minutes chacune. J’avais pour cela enregistré les noms, outre F. Flahault, R. Gori, B. Perret, J-B. de Foucauld, J. Lecomte, C. Alphandéry, A-M. Fixot et moi-même, de T. Coutrot, Ph. Frémeaux, D. Méda, A. Insel, J-L. Laville, R. Sue, S. Gendreau, V. de Gaulejac et J-Ph. Acensi[1], soit 18 personnes ! Restait donc selon moi à opérer un choix entre toutes les communications possibles et à écouter celles des présents pour voir si le pari des dix minutes était tenable. Et si mon esquisse d’organisation de trois tables rondes, l’une sur l’avenir du travail, la deuxième sur celui de la démocratie et la troisième sur des thèmes plus spécifiques (ville, art, sport, école etc. ), recueillait l’assentiment.

Nishitani Osamu

The March 2011 Great East Japan Earthquake and Tsunami, registering magnitude 9 on the international scale, has been called a once-in-a-thousand-years disaster. Hearing this, people understand that the earthquake was indeed of exceptional scale. Or, they may feel reassured that somehow they will be safe from such horrors for another millennium. “One thousand years,” of course, is just a number for reference, and the seismologists are quick to remind us of the Sanriku Earthquake of 1896 (although it was rather smaller in scale) and the Jōgan Earthquake of 869 that both struck the same northeastern coastline.

Chers amis 

Il fallait donc hier soir décider si nous essayions de sortir le texte le plus rapidement possible ou si nous jugions préférable de nous donner un peu de marge pour l’améliorer substantiellement et pour rechercher d’autres signatures (notamment pour rééquilibrer la part féminine). Cette discussion allait occuper la première moitié de la réunion, la seconde devant porter sur le fond même du texte : y avait-il des affirmations très contestables, des oublis trop lourds et dommageables ? Comme toujours il a été difficile de séparer les deux moments de l’ordre du jour puisque la réponse au deuxième point commandait largement la réponse à la question de départ.

Pourquoi les Chinois sont-ils si travailleurs ? Le doivent-ils à une éthique confucianiste du travail ? En rien, montre Ji Zhe, maître de conférences en langue et culture chinoise à l’INALCO. La vraie raison est à rechercher dans la surexploitation capitaliste à laquelle ils sont astreints. En revanche, on peut trouver dans le confucianisme des textes relatifs à la nécessaire conjonction du travail sur soi et du travail sur le monde qui pourraient encore intéresser une politique de la lutte contre l’illimitation. Une politique du soin du monde. 
A. C.

Très riche séance encore hier soir. Toujours amicale, ce qui n’allait pas absolument de soi car, sur le rôle de l’État et l’avenir possible et souhaitable de l’Europe les tensions étaient vives, et le consensus bien improbable.

 

L’Europe ? Quelle Europe ?

Jean-Claude Guillebaud, terrassé par la grippe, avait dû déclarer forfait. Heureusement, Yann Moulier-Boutang, piqué au vif par les quelques lignes que j’avais rédigées afin de faire réagir…avait réagi. Sous la forme d’une dizaine de pages envoyées quelques heures avant la séance et qu’il a reprises hier soir. Je n’entreprends pas de résumer son propos puisque tout le monde aura pu le lire (et je reprends ici son texte en annexe). En un mot pour lui, l’État-nation est plus que dépassé. Il ne contrôle à peu près plus rien, et c’est tant mieux car il est urgent d’aller vers une Europe radicalement fédérale (et non confédérale), à faire naître par une sorte de constituante élue par tous les Européens. Proposition voisine de celle que développe D. Cohn-Bendit dans son dernier livre. YMB tire argument de l’opposition du parlement européen au budget proposé par la commission pour y trouver les prémices d’une volonté fédéraliste qui pourrait s’imposer rapidement selon lui. Thèse brillamment argumentée et développée, à laquelle presque tout le monde a trouvé quelque séduction dans telle ou telle de ses composantes, mais qui s’est heurtée aux objections variées d’à peu près tout le monde.

Notre rencontre de mardi dernier, 7 février, a été un grand plaisir pour tout le monde, je crois. Pour moi, en tout cas, assurément. Nous étions manifestement heureux d’être ensemble, et désireux de poursuivre l’aventure. De nos discussions, je retiens les points suivants : 

Nous nous fixons comme objectif possible, non obligatoire mais motivant, d’écrire un texte commun (ce qui ne signifie pas nécessairement en commun) .
Il se présentera comme un « Manifeste », ou autrement, et il parlera au nom du « convivialisme » ou d’un autre signifiant. Nous avons décidé de ne pas trancher et de reporter cette discussion à plus tard. 

Dès le départ les auteurs (français) qui allaient devenir les co-signataires du Manifeste convivialiste s’étaient déclarés d’accord pour tenter de rédiger un texte commun. Pas nécessairement sous le pavillon du « convivialisme » qui faisait problème à nombre d’entre eux. Encore fallait-il mettre à l’épreuve cette bonne volonté initiale et voir si elle résisterait à l’épreuve du débat sans animosité mais aussi sans concession sur tout un ensemble de sujets centraux et épineux.

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